Davide Tardozzi le concède, chez Ducati, les sourires sont à moitié figés. D’un côté, Marc Marquez plane. De l’autre, Pecco Bagnaia peine à suivre le rythme infernal imposé par son nouveau coéquipier. Vendredi, à Motorland Aragon, l’octuple champion du monde a dominé les essais libres comme les préqualifications, s’imposant en patron sur ce circuit qu’il connaît mieux que personne. Pendant ce temps, Bagnaia s’est enlisé dans le deuxième secteur, là où l’écart devient brutalement visible.
Davide Tardozzi, team manager de l’équipe officielle Ducati, l’admet sans détour sur Sky Sport MotoGP : « il perd beaucoup de temps à ce moment-là depuis ce matin. Cet après-midi, dans le tour rapide, il a perdu près d’une demi-seconde. »
L’explication est technique mais limpide. Là où Marc fait preuve d’une fluidité chirurgicale dans les enchaînements de virages à gauche, Bagnaia se bat avec un train avant trop instable pour oser vraiment attaquer. « Marc a toujours fait la différence dans les virages à gauche, il est à l’aise avec sa moto et ici, il peut encore mieux exploiter cette qualité. »
Plus précis encore, Tardozzi décortique les lacunes de Bagnaia : « dans les virages 7, 8, 9, l’avant a tendance à se refermer, et dans le virage 10, il ne peut pas accélérer comme il le voudrait. Perdre 4 ou 5 dixièmes dans un secteur a un gros impact. »
Davide Tardozzi : « attention à ne pas trop se laisser aller, cet avantage ne signifie pas que vous avez déjà gagné »
Bagnaia a bien tenté quelques ajustements en piste, testant une fourche à plus grand débattement comme d’autres pilotes Ducati. « Il la trouvait bonne, il avait quelques avantages », souligne Tardozzi. Mais cela n’a pas suffi.
Pendant que Marquez déroule, concentré mais toujours sur le fil, Bagnaia cherche encore des repères. « Attention à ne pas trop se laisser aller. Marc a encore des problèmes à régler, mais il sera important de se qualifier en bonne position pour tenter de remporter les deux courses. Cet avantage ne signifie pas que vous avez déjà gagné », tempère Tardozzi.
Et les autres Ducati dans tout ça ? « Alex Marquez devrait figurer parmi les prétendants au titre grâce à sa régularité. Fermin Aldeguer progresse course après course. Je pense qu’il peut se battre pour le top 5 ou 6. »
Quant à Di Giannantonio et Morbidelli, Tardozzi reste mesuré mais confiant : « ils ont la moto et le potentiel pour terminer dans le top 8. »
La journée de vendredi aura donc révélé cette hiérarchie Ducati : Marc en chef d’orchestre, Alex en outsider solide, et Pecco encore en quête de rythme et de solutions. Rien n’est encore joué, mais une chose est certaine : le vent souffle fort, et pour l’instant, c’est la moitié catalane du box rouge qui en profite.
MotoGP, Aragon J1 : chronos