Cette étape du calendrier MotoGP a jusque-là démontré une chose : sans Marc Marquez, Ducati retombe dans la médiocrité de ses jeunes années : l’alerte rouge du Grand Prix d’Australie est déclenchée. Le vent de Phillip Island a balayé bien plus que la poussière des vibreurs : il a fait vaciller un empire.
Sans Marc Marquez, blessé, Ducati a signé à Phillip Island son plus mauvais samedi depuis des années, révélant à quel point la marque rouge dépend désormais du génie catalan. Ce Grand Prix d’Australie 2025 a été un électrochoc : le constructeur qui écrase tout depuis six ans a soudainement paru… ordinaire.
C’était le samedi le plus faible de Ducati depuis 2020. Les chiffres sont implacables : aucune Ducati en première ligne pour la première fois depuis Valence 2020. Aucun podium au Sprint — une première depuis l’introduction du format en 2023.
La meilleure Desmosedici ? Celle de Fabio Di Giannantonio, cinquième. Alex Marquez, victime de deux chutes en Q2, n’a pu faire mieux que sixième. Quant à Pecco Bagnaia, il a sombré : avant-dernier du Sprint, juste devant le pilote test de la marque Michele Pirro, bon dernier.
Le pilote d’essai Ducati, habituellement mesuré, n’a pas pris de gants après la course : « Pecco ne perd pas de temps dans un secteur particulier, il est lent partout. C’est une situation qu’il faut absolument améliorer. Mais pour l’instant, on n’a pas de solution. »
Et d’ajouter, lucide : « ce n’est pas le niveau de la moto ni celui de Pecco. Mon rôle est de comprendre pourquoi cette instabilité apparaît. Phillip Island est plein de bosses et de zones sans adhérence. Ce n’est pas une excuse, mais un vrai problème. »
Même Bagnaia n’a pas cherché à maquiller son désarroi : « c’est vrai qu’on a une moto solide quand tout fonctionne. Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Ma Ducati tremblait dans tous les virages, je ne pouvais pas piloter, j’étais juste passager. »
Alex Marquez a lui aussi pointé des choix malheureux : « j’ai commis une erreur avec le pneu avant medium. Après quatre tours, j’ai su que c’était le mauvais choix. On a tenté des réglages après mes chutes, mais ça n’a fait qu’empirer. Nous avions le rythme pour le podium, mais depuis la 10e place, c’était impossible. »
A tough #TissotSprint for Ducati who for the first time won't have a bike on the podium 👀#AustralianGP 🇦🇺 pic.twitter.com/XW2Ga4KH9x
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) October 18, 2025
Des pilotes Ducati désorientés et une moto devenue capricieuse : « nos rivaux progressent plus vite que nous »
Depuis la réforme du système de concessions en 2024, Ducati est le seul constructeur sans privilèges techniques : « on n’a plus de pneus pour tester, plus de jours d’essais, plus rien », déplore Pirro.
Pendant ce temps, Honda, Yamaha Aprilia et KTM profitent à plein régime des avantages accordés par Dorna pour combler leur retard. Et selon Pol Espargaró (pilote d’essai KTM), l’effet est déjà visible : « c’est agréable de voir les Honda et Yamaha redevenir rapides, et certaines Ducati en difficulté. Les concessions portent leurs fruits. »
Di Giannantonio lâche : « nos rivaux progressent plus vite que nous ». Le pilote VR46 a résumé ce que tout le paddock pense tout bas : « nous avons un excellent projet, mais les autres avancent plus vite. Les nouvelles pièces des concurrents marchent mieux que les nôtres. Ducati doit se réveiller et trouver de nouvelles idées. » Un avertissement clair pour Borgo Panigale : la domination n’est plus acquise.
Phillip Island n’est peut-être qu’un accident, un circuit atypique où la Ducati perd de sa superbe. Mais le symbole est fort : sans Marc Marquez, Ducati n’a plus de plan B.
Le champion catalan a porté la marque tout au long de la saison 2025, transformant chaque course en démonstration. Privée de lui, la marque italienne s’est retrouvée nue, vulnérable, presque banale.
Pirro veut néanmoins y croire : « Ducati a gagné récemment avec Pecco. C’est le sport : il faut tomber pour revenir plus fort. » Mais la vérité est là : Phillip Island a exposé les failles du géant rouge. Le mythe de l’invincibilité Ducati vient de se fissurer — et tout le paddock l’a vu.
Phillip Island 2025 restera dans les annales non pas pour une victoire rouge, mais pour une leçon : sans Marc Marquez, Ducati redevient humaine. Et si la marque italienne ne réagit pas vite, la chasse est ouverte.
MotoGP, Australie J2, Grille de départ :
MotoGP, Australie J2, classement Sprint :