Le contraste est saisissant troisième au championnat, mais loin de sa plénitude, Pecco Bagnaia traverse une zone de turbulences. Après un sprint cauchemar à Spielberg — départ en travers, sensations « bizarres », abandon et pneu arrière sous enquête —, le pilote Ducati a laissé éclater sa frustration ce dimanche. Davide Tardozzi, directeur de l’équipe, ne le blâme pas. Au contraire, il tend la main tout en tirant le signal d’alarme : « je comprends l’emportement de Bagnaia » et, surtout, « Chez Ducati, nous sommes inquiets pour lui » …
Tardozzi a choisi d’apaiser le jeu après l’emportement en Autriche de Bagnaia à la télévision où il a avoué « perdre patience » chez Ducati. Il dit comprendre la sortie de son pilote, tout en rappelant sur GPOne qu’« avec un peu de sang-froid », Pecco reconnaîtra que toute l’équipe est mobilisée pour lui, « de Claudio Domenicali aux autres ». Le message est limpide : chez Ducati, on partage l’inquiétude et on veut revoir Pecco dans le top 3 au plus vite.
Le manager martèle que Bagnaia ne lâche pas et que la confiance demeure réciproque. « Il y a une confiance mutuelle », assure-t-il, promettant que l’équipe fera le nécessaire « pour qu’il redevienne compétitif ». À Pecco aussi « de nous aider » : l’Italien doit remettre ses atouts au centre, et ensemble, insiste Tardozzi, « nous réussirons ».
Quant à l’origine du blocage, Tardozzi n’élude pas le facteur mental : « le côté psychologique est important ». Selon lui, Bagnaia doit retrouver la même détermination vue le vendredi en Styrie, « quand il a été extraordinaire ». La partie technique « dépend de nous », ajoute-t-il, mais la journée de vendredi a prouvé « que la moto était là et lui aussi ». En clair : le potentiel est intact ; il faut recaler la tête, affiner les réglages… et relancer la machine.
Davide Tardozzi sur Pecco Bagnaia : « le champion est toujours en lui »
Le message est double, ferme et protecteur. D’un côté, Tardozzi rappelle que le talent ne s’évapore pas d’un week-end à l’autre : « le champion est toujours en lui ». De l’autre, il admet que la relation pilote–GP25 ne coule pas de source cette année. La feuille de route est claire : « nous devons trouver un équilibre » et, à court terme, « il doit s’adapter à notre moto ». En filigrane, l’aveu d’une équation sensible : une Desmosedici GP25 qui a immédiatement souri à Marc Marquez, tandis que Bagnaia peine à y raccorder ses points forts historiques — freinage de patron, gestion du sillage, constance en fin de relais.
Davide Tardozzi insiste : l’objectif n’est pas de chercher des coupables, mais des solutions. L’épisode du Sprint, avec un arrière ingérable et des « tremblements » en ligne droite, illustre à quel point confiance mécanique et confiance mentale sont imbriquées. D’où la volonté de reposer des bases simples : départ propre, fenêtre de pneus maîtrisée, réglages qui rendent à Bagnaia une moto « lisible » à l’entrée, et un plan de course qui lui permette de remettre en place ses automatismes.
Le manager italien ne veut pas d’un feuilleton : il veut un redressement. Au fond, l’inquiétude assumée par Tardozzi est une preuve de foi : reconnaître la fragilité d’un moment pour mieux réactiver l’ADN du triple champion. À Bagnaia maintenant de recoller son style à la GP25, de retrouver ce « clic » au freinage et ce calme qui faisaient sa signature. Le temps presse… mais la porte est encore grande ouverte.
MotoGP, Autriche J3 : classement
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