Pecco Bagnaia traverse l’un des moments les plus sombres de sa carrière chez Ducati. Après le désastre de Misano, l’Italien n’a plus d’excuses techniques derrière lesquelles se cacher : le problème n’est plus dans la moto, mais dans sa tête.
À domicile, Bagnaia a touché le fond. Sprint catastrophique, abandon en course principale, et un zéro pointé qui fait désordre pour un double champion du monde. Ce n’est pas un accident isolé : c’est son deuxième week-end « sans score » cette saison après Le Mans.
« Je vis un cauchemar. Il doit y avoir un truc majeur qui me rend une seconde et demie plus lent », lâchait-il, presque désabusé, samedi soir. Puis, comme pour se justifier : « ma patience est à bout. »
Mais à Borgo Panigale, le diagnostic est sans appel. Ducati a inspecté la Desmosedici, testé, comparé, analysé. Verdict : aucun défaut technique majeur. L’usine ne croit plus que ses difficultés viennent de la GP24 ou de la GP25.
« La réponse ne dépend que de lui. Nous voulons l’aider, mais il doit nous laisser faire. Il ne peut pas rester le dernier des pilotes Ducati. Pecco est bien meilleur que ça » mentionne Davide Tardozzi.
Derrière les mots polis, le message est clair : Bagnaia est seul responsable de sa chute de niveau.
Le lundi à Misano, Bagnaia a retrouvé un peu de confiance en terminant 6e aux essais, mais ce n’est pas son chrono qui a retenu l’attention. C’est le visage familier de Casey Stoner dans son box. Le double champion du monde, devenu mentor d’un jour, l’a conseillé, observé, corrigé. Et Bagnaia, presque soulagé, a confié : « j’aimerais avoir Casey avec moi tout le temps… »
Ducati a fait sa part. Le reste, c’est à Pecco Bagnaia de le régler
Cette phrase en dit long. Pour retrouver son équilibre, Bagnaia a besoin d’un ex-champion dans son ombre. Mais que se passera-t-il quand Stoner ne sera plus là ? Cette dépendance n’est pas un signe de force, mais de fragilité. Ducati le sait, et ça inquiète.
Pendant que Bagnaia sombre dans ses doutes, Ducati avance. Les regards se tournent vers Marc Marquez, candidat naturel au renouvellement et incarnation de la machine de guerre qu’est devenue Borgo Panigale. Avec 11 victoires en Grand Prix et 14 sprints, Marquez s’est déjà mué en leader incontesté du projet.
Bagnaia, lui, semble prisonnier de ses nerfs. L’usine a beau multiplier les efforts, la vérité est implacable : si Pecco ne se reprend pas vite, Ducati devra faire des choix.
Les fans l’ont compris, Ducati aussi : Pecco Bagnaia n’est plus victime d’une moto capricieuse, mais de ses propres limites actuelles. Patience épuisée, excuses épuisées.
Le dilemme est simple : soit il retrouve son mordant et assume son rôle de champion, soit il glisse doucement vers la sortie de la hiérarchie Ducati. Peu importe la GP25, la GP26 ou l’aéro dernier cri : le problème est dans le casque. Ducati a fait sa part. Le reste, c’est à Bagnaia de le régler.
MotoGP Test Misano : chronos