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Bartolini

Yamaha est à la croisée des chemins. L’usine d’Iwata tourne une page historique en abandonnant son moteur quatre cylindres en ligne pour un V4, une révolution technique qui doit ramener la marque au sommet du MotoGP. Aux commandes de ce virage stratégique, Massimo Bartolini, nouveau directeur technique, qui s’est confié à Manuel Pecino sur YouTube. L’ingénieur italien n’a éludé aucun sujet : difficultés actuelles, puissance moteur, fiabilité, mais aussi la future réglementation 2027 et le changement de fournisseur de pneus.

Bartolini l’admet sans détour : « nous avons rencontré des difficultés, mais à mon avis, pas plus que celles habituelles pour tout projet. Nous sommes plus ou moins en phase avec la feuille de route que nous nous étions fixée. Nous avons déjà résolu les problèmes les plus importants et nous avançons maintenant. Pour l’instant, nous cherchons à améliorer la fiabilité pour être en mesure de conquérir le chrono. Il s’agit toujours d’un équilibre entre fiabilité et performances. »

Le gros point noir reste la puissance maximale, là où Ducati, KTM ou Aprilia font mal. Les faits parlent d’eux-mêmes : Fabio Quartararo s’élance souvent bien placé mais se fait déposer en ligne droite. Bartolini le reconnaît : « le moteur pourrait déjà être plus puissant, mais ce que nous recherchons, c’est la fiabilité. Augusto estime qu’il nous manque de la puissance, précisément la puissance maximale. En réalité, toute l’accélération se fait toujours avec la puissance gérée par l’électronique, on n’atteint jamais la pleine puissance. »

Augusto Fernandez utilisera la Yamaha V4 lors de la course à Misano

Bartolini : « le départ de Michelin et l’arrivée de Pirelli m’inquiètent beaucoup »

La réduction de la cylindrée à 850cc, l’alésage limité à 75 mm et la suppression de la majorité de l’aérodynamique vont redistribuer toutes les cartes en 2027. Pour Yamaha, ce sera une refonte totale.

« Le moteur aura une base similaire à celle que nous utilisons cette année, mais il devra être entièrement révisé. Il ne s’agit pas de changer quelques pièces pour ensuite les utiliser ; la conception générale peut être conservée, mais physiquement, toutes les pièces devront être refaites. Le moteur sera plus étroit, au moins entre 10 et 15 cm. En termes de puissance, une réduction de 15 % est un calcul raisonnable. »

Une perspective risquée, mais aussi une opportunité : tout le monde repart de zéro.

Le départ de Michelin et l’arrivée de Pirelli comme fournisseur unique en 2027 inquiètent Bartolini :

« Oui, cela m’inquiète beaucoup. Ce changement est à la fois un défi et une opportunité de réduire l’écart avec ceux qui sont devant. Le fait que tout le monde doive refaire son moteur oblige aussi ceux qui ont un bon moteur à revenir dans le jeu. Pirelli a garanti que les pneus ne seront pas comme ceux utilisés en Superbike, mais tant que nous ne les aurons pas testés, il est difficile de comprendre si les données Superbike sont significatives. »

Enfin, Bartolini rappelle sur motosan que le MotoGP moderne est une guerre de millièmes :

« L’écart entre un pilote très performant et un autre plus lent peut être de quatre centièmes par virage. Il y a vingt ans, avec sept dixièmes, vous montiez sur le podium ; aujourd’hui, vous êtes quinzième. La communication entre l’ingénieur et le pilote est fondamentale. Pensez au travail que nous effectuons aujourd’hui pour comprendre les pneus ; il y a vingt ans, rien de tout cela n’était fait. »

Yamaha joue son avenir immédiat avec le V4 et prépare déjà son grand saut vers 2027. Entre fiabilité fragile, déficit de puissance et défis réglementaires, Bartolini ne cache pas la complexité de la tâche. Mais pour lui, c’est tout de même le bon moment pour frapper un grand coup et rattraper Ducati.

 

 

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