Darryn Binder continue son apprentissage du MotoGP et après les tests de Jerez, il a pu profiter du shakedown de Sepang pour s’aguerrir encore à sa Yamaha M1. On rappellera qu’il vient directement du Moto3, ce qui veut dire que le Sud-Africain découvre carrément un autre monde. Au vu de sa réputation sulfureuse construite notamment lors de la finale de la saison passée, il sera regardé de près. Son aîné Brad, officiel KTM, double vainqueur avec la RC16 le sait et le couve. Avec des mots qui portent…
Brad Binder fera sa troisième saison en MotoGP en tant qu’officiel KTM et il tentera, au moins, de poursuivre sa récente série d’une victoire par campagne. Il a été Champion du Monde 2016 en Moto3 et vice-Champion du monde Moto2 en 2019. Il a aussi un frère Darryn qui arrive dans la catégorie reine avec un CV bien moins brillant et, surtout, une réputation de chien fou qui ne plait pas à tout le monde sur la grille de départ. D’autant moins qu’il débarque directement du Moto3…
Tout ça, Brad le sait et s’il ne s’en inquiète pas ouvertement, il prend à tout le moins toutes les précautions pour sensibiliser son cadet sur le nouvel enjeu qui l’attend. On peut ainsi lire sur Speedweek : « passer directement d’une Moto3 à une MotoGP d’un week-end à l’autre est bien sûr un énorme défi. Mais je pense qu’il est vraiment important d’avoir un peu de temps entre les deux pour oublier une chose et essayer de s’habituer à la suivante ». Puis il en vient au fait : « Darryn a besoin de se donner du temps et d’étudier. La MotoGP n’est pas une blague, c’est vraiment une arme. Si je peux lui prodiguer un conseil, c’est de prendre son temps. Parce que si vous précipitez les choses, cela peut vous perturber ».
Des conseils que Darryn écoute : « pendant l’hiver, j’ai roulé sur une R1 pour m’habituer à une moto plus lourde, mais malheureusement la puissance n’est pas la même. Piloter une MotoGP est beaucoup, beaucoup plus difficile, je dois juste faire les choses étape par étape et écouter mon corps. J’aimerais faire 100 tours par jour, mais malheureusement ce n’est pas possible. Je pense qu’après ces trois jours j’en aurai deux pour me reposer puis je me remettrai en selle et je pense que je vais m’habituer petit à petit à cette moto » dit le septième du dernier championnat Moto3 après son shakedown à Sepang.
Darryn Binder : “pour moi, la Yamaha c’est juste une bête“
Sur le fait qu’il est sur une Yamaha, une machine à la réputation conviviale construite durant ces dernières saisons, il relativise : « je ne pense pas qu’une MotoGP puisse être vraiment facile, peut-être juste en se comparant l’une à l’autre. Pour moi, ne rien savoir, venir ici et la piloter… c’est juste une bête. Avec toute cette puissance qu’il faut gérer au guidon, je ne dirais pas que c’est facile ».
Le Sud-Africain entre dans le détail : « le plus difficile est simplement de déterminer ce que je dois faire pour changer mon style de pilotage, ce dont j’ai besoin pour que cette moto fonctionne. L’une des choses les plus compliquées est qu’avec autant de puissance, si vous ouvrez l’accélérateur trop agressivement, la roue arrière commence à déraper et vous perdez du temps. Je dois comprendre comment soulever la moto, comment mettre la puissance par terre, il y a beaucoup à faire pour comprendre quand se lever et quand coucher la moto. Pas à pas, j’essaie d’apprendre, mais cela prendra du temps. L’équipe m’explique beaucoup de choses, mais je dois les mettre dans ma tête puis dans la pratique et cela prendra du temps. Petit à petit, si je m’améliore chaque jour, je serai heureux ».
Darryn Binder semble donc prendre grand cas des commentaires de son frères Brad et il pourra aussi compter sur un équipier expérimenté en la personne d’Andrea Dovizioso. Il lui reste maintenant à éviter les mauvais coups qui le plongeraient dans une tempête moralement dévastatrice. Mais si la foudre s’abattait de la sorte sur l’auvent RNF Yamaha, l’équipe saurait aussi réagir. Elle le fait déjà avec son team manager Wilco Zeelenberg qui déclare sur son rookie : “il est aussi fort dans sa tête et ce n’est pas un gars qui se met facilement en colère. Nous sommes convaincus que nous pouvons le piloter de la bonne manière, afin qu’il puisse avoir un avenir en MotoGP. Il est trop tôt pour tirer une quelconque conclusion, mais c’est certainement un grand défi.”
