Le MotoGP revient au Brésil… mais à quel prix pour les fans ? Contre toute attente et malgré de nombreux scepticismes, Dorna Sports et le nouvel organisateur du Grand Prix du Brésil ont réussi leur pari : le MotoGP est de retour en terre brésilienne. Le Championnat du monde de vitesse, avec ses trois catégories, s’installera sur le circuit Ayrton Senna de Goiânia jusqu’en 2030, scellant un accord de long terme qui marque le retour du sport moto de haut niveau dans l’un de ses marchés historiques les plus passionnés.
Dans moins de cent jours, le 20 mars, les pilotes découvriront à nouveau ce tracé de 3,82 kilomètres, déjà théâtre de Grands Prix dans les années 1980. Le dessin original du circuit a été largement conservé, mais les infrastructures ont, elles, fait peau neuve. Sécurité revue, paddock modernisé, stands reconstruits : Goiânia s’est mise au diapason des standards actuels du MotoGP. Malgré des travaux encore en cours au cœur du Brésil, personne, ni chez Dorna ni chez les équipes, ne doute de la tenue de l’événement au printemps prochain.
Si la piste sera prête, l’organisation hors circuit, elle, commence déjà à susciter de vives tensions. À l’approche de l’événement, le secteur hôtelier régional est entré dans une véritable course contre la montre, et surtout dans une guerre des prix sans précédent.
Dans la région du Grand Goiânia, on recense environ 18 000 lits officiellement enregistrés. Un chiffre suffisant sur le papier, mais qui devient brutalement insuffisant face à l’afflux attendu de teams, sponsors, médias, VIP… et de dizaines de milliers de fans. Résultat : une flambée tarifaire spectaculaire.
Selon Speedweek, Une enquête menée par la plateforme spécialisée « Grande Prêmio » met en lumière des écarts vertigineux. Pour les hébergements les plus modestes, les hausses atteignent déjà 50 %, tandis que pour les établissements de catégorie supérieure, certaines augmentations culminent à… 1 400 %. Le cas le plus choquant concerne un hôtel deux étoiles : une chambre double pour quatre nuits, initialement proposée à 187 euros, est désormais affichée à 2 820 euros.
Des pratiques au Brésil qui interrogent et la colère monte
Au-delà des prix, ce sont les méthodes de réservation qui commencent à inquiéter. Plusieurs témoignages font état de réservations effectuées des mois à l’avance via des plateformes en ligne, ensuite annulées unilatéralement, avant d’être remises en ligne à des tarifs largement supérieurs.
Le phénomène ne se limite pas aux hôtels. Les locations privées sont elles aussi touchées. Grande Prêmio rapporte par exemple le cas d’un logement réservé via Airbnb pour 679 euros, annulé sans justification, puis reproposé à 2 556 euros quelques jours plus tard.
Pour les équipes, les sponsors et les clients fortunés, ces surcoûts sont absorbés, parfois à contrecœur. Mais pour les fans brésiliens, cœur historique et populaire du MotoGP, la situation est tout autre.
Face au mécontentement croissant, l’association hôtelière locale a tenu à se justifier, invoquant les investissements nécessaires pour accueillir un événement d’ampleur mondiale :
« Nous tenons à souligner que le secteur hôtelier a investi massivement dans la formation, les infrastructures et l’adaptation des services afin de répondre à l’augmentation temporaire de la demande, ce qui a naturellement un impact sur les coûts d’exploitation. Néanmoins, le secteur reste déterminé à respecter les paramètres techniques et éthiques d’un événement d’envergure mondiale », a déclaré un porte-parole.
L’association évoque également une mobilisation régionale élargie :
« Les associations hôtelières de l’État de Goiás ont mené une vaste mobilisation impliquant les municipalités proches de Goiânia afin d’augmenter l’offre de lits et d’assurer la capacité d’hébergement nécessaire pendant les jours de l’événement. »
Des solutions existent donc sur le papier. Mais sur le terrain, la perception est tout autre.
Ce Grand Prix devait être une fête. Le symbole du retour du MotoGP au Brésil, pays de passion, de bruit et de ferveur populaire. Il devait aussi marquer les débuts à domicile du nouveau champion du monde Moto2, Diogo Moreira, premier Brésilien titré en championnat du monde de vitesse.
Pourtant, à quelques mois de l’événement, l’enthousiasme retombe déjà. De nombreux fans, pourtant détenteurs de billets, se retrouvent confrontés à une réalité brutale : voir le MotoGP chez soi devient un luxe.
Le paradoxe est cruel. Alors que Dorna cherche à reconquérir des marchés historiques et à raviver la flamme populaire du MotoGP, le retour brésilien risque de laisser un goût amer. Celui d’un sport mondial qui revient… mais sans toujours laisser de place à ceux qui l’ont fait vivre.





























