Quand Carlo Pernat parle, le paddock MotoGP se tait et écoute. Le manager génois, découvreur de talents majeurs et fin stratège des coulisses, n’a jamais eu la langue de bois. Cet hiver, il a dégainé sur deux dossiers brûlants : l’alliance inattendue entre Maverick Viñales et Jorge Lorenzo… et un marché des pilotes déjà parti en vrille, bien avant l’été.
Sur les réseaux sociaux, beaucoup n’ont vu qu’un duo en plein entraînement. Pernat, lui, voit un cocktail instable, presque chimique. Associer Maverick Viñales et Jorge Lorenzo, ce n’est pas juste additionner deux champions : c’est faire cohabiter deux caractères complexes.
« D’un côté, je pense que ces deux-là sont dangereux, parce qu’ils ont des personnalités très différentes. Il peut en sortir quelque chose de grand… ou un combat épique », lâche Pernat dans une interview à MOW Magazine.
Le manager ne remet pas en cause le talent de Viñales — au contraire. Il le classe parmi les plus grands potentiels de sa génération. Mais il appuie là où ça fait mal : irrégularité, communication fragile, relation parfois conflictuelle avec l’équipe. Des failles bien connues dans le paddock.
C’est précisément là que Lorenzo entre en scène. Pour Pernat, le Majorquin incarne l’obsession du détail, la discipline absolue, la rigueur presque militaire. « Jorge, sur ce point, n’a jamais eu de rival. »
L’analyse va plus loin, presque psychologique. Pernat décrit un Lorenzo habité par la compétition, incapable de fonctionner sans un objectif total.
« Je pense que Jorge a constamment besoin d’une obsession. Il a tout sacrifié pour gagner. »

Carlo Pernat : « Jorge Lorenzo est aussi quelqu’un de très solitaire. Les rares fois où je l’ai vu accompagné, c’était avec des “amis” que je connaissais bien »
Et le portrait devient plus acide, teinté d’ironie : « c’est aussi quelqu’un de très solitaire. Les rares fois où je l’ai vu accompagné, c’était avec des “amis” que je connaissais bien… vous voyez ce que je veux dire. »
Traduction paddock : Lorenzo vit pour une seule chose à la fois, et quand il s’y engage, il le fait avec une volonté de fer. Exactement ce qui pourrait, enfin, faire sauter le verrou chez Viñales.
Mais l’entraînement hivernal n’est qu’une partie du chaos. Pour Pernat, le marché des pilotes est déjà lancé, bien avant la traditionnelle agitation estivale.
« Je le dis depuis un moment : mon téléphone sonne depuis des mois. » Pire encore, il lâche la bombe que tout le monde redoute : « quelqu’un a peut-être déjà signé un pré-contrat. » En clair : les dés sont déjà jetés, et beaucoup jouent à visage couvert.
Impossible d’éviter le sujet central : Marc Marquez. Pernat est catégorique : Ducati veut le garder, mais ne pourra jamais rivaliser financièrement avec Honda.
« La situation Marquez–Ducati est cruciale. Ducati le veut absolument, mais ils n’auront jamais la force financière de Honda. »
Tout dépendra d’un facteur clé : la compétitivité de la RC213V. Si Honda revient au sommet, la tentation pourrait devenir irrésistible.
Pour Pernat, inutile d’attendre la pause estivale ou la fin de saison : « tout sera défini pour l’année suivante dans les quatre ou cinq premiers Grands Prix. »
Autrement dit : le championnat n’aura même pas le temps de respirer que la grille suivante sera déjà verrouillée.
Le manager conclut avec un message clair, presque brutal, à destination de KTM et d’Enea Bastianini : le talent ne sert à rien sans la moto. « KTM doit aligner une moto compétitive. Sinon, le talent et même l’entraînement avec Jorge Lorenzo ne vous seront pas d’une grande utilité. »
Avec Carlo Pernat, rien n’est jamais tiède. Son verdict est sans appel : Viñales–Lorenzo peut devenir une révélation… ou un désastre contrôlé. Le mercato MotoGP est déjà en feu, bien avant l’été. Et l’avenir de Marquez pourrait redessiner tout l’échiquier.
Une chose est sûre : le MotoGP 2026 se joue dès maintenant, et ceux qui attendent risquent de regarder la fête depuis les tribunes.
































