Gigi Dall’Igna, directeur de Ducati Corse, savoure une saison MotoGP 2025 exceptionnelle, avec Marc Marquez leader (171 points, 9 victoires sur 12 courses) et Ducati dominant grâce à six motos dans le top 10. Dans une interview il revient sur le succès de Marquez, la crise de Pecco Bagnaia, l’émergence d’Alex Marquez, et l’héritage des pilotes Ducati.
Gigi Dall’Igna vit un rêve éveillé. Son pari audacieux d’intégrer Marc Marquez au sein de l’équipe officielle Ducati en 2025 s’avère une masterclass. Avec neuf victoires en douze courses, le #93 domine le championnat. Pendant ce temps, Pecco Bagnaia, double champion du monde, cherche encore son feeling perdu. Mais pour Ducati, l’essentiel est ailleurs : la marque italienne truste les six premières places du classement, une hégémonie sans précédent.
Interrogé sur les clés de cette domination, Gigi Dall’Igna revient sur un tournant historique : « le point clé a certainement été 2015, lorsque nous avons créé une moto complètement nouvelle en très peu de temps, en prenant d’énormes risques. » Un pari osé qui a propulsé Ducati vers l’excellence.
Depuis, une pléiade de pilotes a contribué à l’évolution de la Desmosedici. « Andrea Iannone nous a énormément aidés. C’est un pilote qui pousse toujours à la limite, avec le cœur. Dovizioso nous a rapprochés du titre. Lorenzo, grâce à ses retours précis, nous a fait faire un bond en avant. Zarco aussi a marqué l’évolution. Et bien sûr, Bagnaia, qui nous a ramené le titre mondial. »
Justement, Bagnaia … Si Pecco traverse en ce moment une phase délicate, Gigi Dall’Igna reste serein. « Pour Pecco, la Ducati a été sa première et seule moto en MotoGP. Son adaptation a été naturelle. Aujourd’hui, il a besoin de notre soutien, techniquement et humainement. La tête est primordiale. »
Gigi Dall’Igna refroidit Gresini : « il est difficile d’envisager l’évolution de la moto d’Alex Marquez »
Contre toute attente, Dall’Igna voit même des signes encourageants : « c’est le meilleur début de saison de sa carrière, même comparé à ses deux titres. Il a juste besoin de temps pour retrouver ses sensations. Je suis convaincu qu’il explosera bientôt. » Et de balayer toute idée de complexe face à Marquez : « Pecco ne copie pas Marc. Il suit sa propre voie. Il est trop fort pour être perturbé. »
Avec Gresini Racing, Alex Marquez a été la surprise de ce début d’année, menant même le championnat à deux reprises. « Les motos satellites sont désormais ultra-compétitives. Alex a trouvé un niveau de confiance impressionnant. Il a mûri, et son évolution est magnifique. »
L’arrivée de Marc Marquez chez Ducati a été une étincelle. « Marc est d’une précision chirurgicale dans ses retours. Je suis ravi de travailler avec lui. Ses deux chutes ? Plutôt des erreurs de lucidité que de pilotage. » Gigi sourit : « on ne peut pas demander mieux. Il exploite parfaitement la moto. »
Dall’Igna insiste sur sa neutralité : « je ne favoriserai jamais un pilote au détriment d’un autre. » Cependant, il précise que l’objectif est de faire progresser la moto officielle pour ensuite pouvoir aider les équipes indépendantes… « Il est difficile d’envisager l’évolution de la moto d’Alex. Nous espérons progresser avec l’officielle, afin de pouvoir envisager de l’aider ou de lui donner des nouveautés. »
Sur le nouveau règlement permettant des tests après une absence prolongée (comme pour Jorge Martin), il nuance sur DAZN via motosan : « c’est une bonne idée, mais changer les règles en cours de saison n’est pas idéal. Dans son cas, c’était juste. »
En comparant Bagnaia et Marquez, Gigi esquisse leurs différences : « Pecco est d’une méticulosité rare. Marc ? Il a mon caractère : tant qu’il n’a pas atteint son but, il ne lâche rien. »
Avec une telle armada, Ducati écrit une nouvelle page de son histoire. Reste à savoir qui, entre Marquez, Bagnaia ou même Alex, écrira la suite. Mais sous l’ère Dall’Igna, la domination rouge n’est pas près de s’éteindre.
