Le MotoGP s’apprête à changer de visage. Nouveau propriétaire, nouveau règlement, nouvelles motos… Et pourtant, Claudio Domenicali, PDG de Ducati, ne craint pas l’inconnu. Au contraire : il y voit une opportunité unique de réinventer le sport — et de confirmer la suprématie de sa marque.
À partir de 2027, la catégorie reine adoptera un tout nouveau règlement technique : passage aux moteurs 850 cc, réduction drastique de l’aérodynamisme, suppression probable des dispositifs de réglage de l’assiette de la moto …
Des coupes techniques qui touchent directement le génie de Ducati, mais Domenicali reste combatif :
« Ce sera un défi de taille pour nous. Avec la configuration actuelle – je parle de l’aérodynamisme et du dispositif de réglage de l’assiette de la moto – nous avons gagné notre place de leader. Nous avons intégré ces technologies au championnat. Si on les supprime, tout le monde repartira de zéro. »
Après avoir dominé la grille ces dernières saisons, Ducati refuse de s’endormir : « gagner beaucoup crée une situation difficile, car les gens s’y habituent. Il est important de conserver la bonne approche. »
L’état d’esprit chez Ducati ? Se comporter comme si chaque victoire était la première : « pour réussir sur le long terme, il faut aborder chaque défi comme si la première victoire était encore à venir. Ce n’est pas facile. Mais Gigi (Dall’Igna) et son équipe préparent tout avec beaucoup d’intensité. »
Claudio Domenicali : « nous ne nous considérons pas seulement comme un constructeur de motos, mais aussi comme une entreprise de divertissement »
Avec Liberty Media désormais aux commandes, le MotoGP s’engage sur une nouvelle voie, plus spectaculaire, plus médiatique. Domenicali s’en réjouit :
« C’est un moment vraiment passionnant. Nous ne nous considérons pas seulement comme un constructeur de motos, mais aussi comme une entreprise de divertissement. Tout est donc parfait. »
Il note que le sport a déjà progressé : « ce sport a connu une croissance significative ces dernières années grâce aux efforts conjoints des constructeurs, de Dorna et de toutes les parties prenantes. Il faut maintenant amener les pilotes au rang de héros.»
Mais le potentiel est encore énorme. Domenicali voit dans le boom de la Formule 1 un exemple inspirant — sans pour autant prôner l’imitation : « nous n’avons pas besoin d’imiter la Formule 1. Mais son succès aux États-Unis montre qu’un développement extraordinaire est possible. »
Il croit à une ouverture mondiale, avec un attrait accru pour un public plus large, en particulier en Amérique du Nord.
« Nous attendons avec impatience cette ère où l’on utilisera des motos qui, en théorie, amélioreront la compétition et le spectacle. Si cela se concrétise, ce sera bénéfique pour tout le monde. Le MotoGP a un grand potentiel de croissance en tant que sport, pour toucher un public beaucoup plus large. L’idée, pour toutes les équipes, est de réellement s’engager et de créer une plus grande base de fans. Et si nous travaillons ensemble, c’est fantastique»
En 2027, toutes les cartes seront rebattues. Mais Ducati ne craint pas de tout recommencer, car c’est précisément ce qui nourrit son excellence. Une ère s’achève, et une autre commence, faite de défis, de spectacle et d’opportunités commerciales inédites. Avec Domenicali et Dall’Igna à la barre, la machine rouge est plus affûtée que jamais.
