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Pecco Bagnaia

L’arrivée de Marc Marquez dans le box officiel Ducati Lenovo en 2025 a coïncidé avec une crise pour Pecco Bagnaia. Avec 171 points pour Marquez (leader, 6 victoires en Sprint, 3 en GP) contre 120 points pour Bagnaia (1 victoire à Austin après la chute de Marquez), l’écart est net. Dani Pedrosa, triple champion du monde (125cc 2003, 250cc 2004-2005) et pilote d’essai KTM, a livré une analyse percutante, pointant des facteurs psychologiques et médiatiques derrière les déboires de Bagnaia.

Il y a une tension presque palpable dans le box Ducati. Elle ne vient pas du moteur de la Desmosedici, mais du bruit sourd d’un glissement de pouvoir. Depuis l’arrivée de Marc Marquez dans l’écurie rouge, Pecco Bagnaia semble marcher sur un fil, son statut de double champion du monde brutalement contesté. Et selon Dani Pedrosa, le problème n’est pas mécanique, mais mental.

Ducati a voulu réunir deux « coqs » dans le même poulailler. Et ça n’a pas l’air de bien se passer. Pecco, hier leader incontesté du projet technique de Borgo Panigale, se retrouve à partager l’espace — et surtout les projecteurs — avec un Marc Marquez qui, dès les premiers GP, déploie sa domination comme s’il n’était jamais parti du sommet.

« Il y a deux aspects : l’aspect psychologique et l’aspect médiatique. Tout cela vient du fait que Ducati a choisi Marquez, que Ducati veut créer, disons, une ambiance où il y a deux « coqs ». Pecco se retrouve dans une situation inconfortable, où il se demande : « Pourquoi suis-je ici avec Marc ? » Je pense que ce n’est pas facile à digérer », a déclaré Pedrosa, comme le rapporte Motosan.

C’est plus qu’une rivalité : c’est une fracture symbolique dans le récit que Ducati construisait autour de Bagnaia, celui du champion maison, poli, méticuleux, ambassadeur parfait de la méthode italienne.

Dani Pedrosa : « Pecco Bagnaia doit se demander : « Comment fait-il ou pourquoi le fait-il et moi pas ? »« 

Pedrosa l’explique finement : « Marc Marquez est capable de rouler vite avec n’importe quel réglage. Pecco Bagnaia, lui, a besoin d’une moto taillée sur mesure. Marc et Pecco ont deux styles différents. Marc peut avoir une moto avec certains ressorts ou un réglage de suspension particulier, puis avec un réglage complètement différent, et réaliser le même temps au tour. Pecco, lui, a un style qui exige que la moto soit exactement comme il l’aime. Et si on change, il peut être moins rapide ou avoir plus de mal à réaliser certains chronos. »

Et c’est là que tout se joue. Marc Marquez improvise. Pecco Bagnaia exécute. Le problème ? Quand le chaos s’installe — comme au Mans sous la pluie — c’est Marc qui brille, pendant que Pecco doute, perd le contact, chute.

La GP25 est devenue un terrain de jeu pour Marc, tandis que Pecco semble se battre contre un outil qui lui glisse entre les doigts. Et quand l’outil devient l’arme de son rival… c’est l’humiliation silencieuse. La mécanique devient personnelle… « Lorsque la réalité s’installe et que Marc commence à faire des tours rapides, des pole positions, des victoires, etc. etc., vous passez à la phase suivante : « Comment fait-il ou pourquoi le fait-il et moi pas ? » Et puis, peut-être, vos yeux commencent à regarder dans cette direction et vous essayez de mieux comprendre la situation avec Marc, comment il parvient à faire certaines choses. »

Ce n’est pas qu’une mauvaise passe. C’est une crise existentielle. Pecco n’est pas seulement dépassé en points (171 pour Marc, 120 pour lui), il l’est en confiance, en autorité, en narration. Marquez prend l’espace, et Bagnaia semble se ratatiner dans l’ombre d’un coéquipier qu’il n’a jamais demandé.

« Il souffre davantage de la décision de Ducati de garder Marc dans son box », résume Pedrosa. Une phrase qui en dit long.

La suite ? Elle dépendra de Bagnaia. Soit il transforme cette crise en feu intérieur, soit il devient un champion digne, mais éclipsé. Dani Pedrosa, lui, a connu ce rôle d’éternel numéro 2. Il sait ce que c’est de partager un box avec Marc Marquez. Il a vu les dégâts. Et aujourd’hui, il tire la sonnette d’alarme pour Pecco. Car chez Ducati, le roi n’est plus seul. Et le trône n’attend pas.

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