Après onze saisons passées dans le paddock des Grands Prix, Darryn Binder s’apprête à changer radicalement de décor. L’ancien pilote RNF Yamaha MotoGP quittera le championnat du monde à la fin de la saison pour rejoindre le MotoAmerica Supersport, où il pilotera une Ducati Panigale V2 au sein du team Warhorse HSBK Ducati. Un virage fort pour le Sud-Africain de 27 ans, dont la carrière n’a jamais vraiment suivi une trajectoire linéaire.
Frère cadet de Brad Binder, vainqueur en MotoGP, Darryn Binder a longtemps vécu dans l’ombre d’un nom prestigieux, sans jamais parvenir à s’imposer durablement au plus haut niveau. Son parcours en Grands Prix est celui d’un pilote combatif, mais aussi marqué par des choix audacieux… et parfois coûteux.
Arrivé en Moto3 en 2015, Binder ne marque aucun point lors de sa première saison. Il lui faudra du temps pour émerger dans la catégorie légère, sans jamais décrocher la moindre victoire. Ce n’est qu’en 2021 qu’il atteint enfin les podiums, avec deux troisièmes places, suffisantes pour attirer l’attention… et provoquer l’un des paris les plus surprenants de l’ère moderne.
En 2022, il devient le premier pilote depuis Jack Miller en 2015 à passer directement du Moto3 au MotoGP, recruté par l’équipe RNF Racing Yamaha. Un saut immense, presque brutal. Sur la M1 satellite, Binder ne marquera des points qu’à trois reprises, avec pour meilleur résultat une 10e place sous la pluie en Indonésie. L’apprentissage est rude, le contexte instable.
Lorsque RNF rompt avec Yamaha pour s’associer à Aprilia en 2023, Binder se retrouve sans guidon en MotoGP. Il redescend alors en Moto2, sans jamais réussir à relancer réellement la machine. En trois saisons, son meilleur résultat restera une cinquième place, et en 2025, il ne totalise que 19 points sur l’ensemble du championnat.
Sans place sur la grille Moto2 pour 2026, la décision devient inévitable : changer d’horizon.
Darryn Binder : « l’objectif est simple. Je veux être en tête de course, prendre du plaisir »
C’est donc aux États-Unis que Darryn Binder tentera de se réinventer. En MotoAmerica Supersport, il rejoindra une structure ambitieuse et expérimentée avec Warhorse Ducati, une équipe déjà habituée à accueillir d’anciens pilotes de Grand Prix – Danilo Petrucci, double vainqueur en MotoGP, y a notamment couru en Superbike en 2022.
Binder aborde ce nouveau défi avec un discours clair, lucide et résolument tourné vers l’avenir :
« Je suis très enthousiaste à l’idée d’entamer ce nouveau chapitre avec Celtic Racing, Economy Lube + Tire et Warhorse HSBK Ducati. »
« Mon parcours à travers les catégories Moto3, Moto2 et MotoGP m’a beaucoup appris, et je me sens prêt à mettre toute cette expérience au service de MotoAmerica. »
Le choix de la Panigale V2 n’est pas anodin non plus : « la Panigale V2 est une moto qui a fait ses preuves en termes de vitesse et de palmarès, et j’ai hâte de commencer à travailler avec l’équipe. »
Loin des discours de transition ou de fin de carrière, Binder affiche une ambition assumée :
« L’objectif est simple. Je veux être en tête de course, prendre du plaisir à me battre et construire quelque chose de solide pour l’avenir. »
« Je suis reconnaissant de cette opportunité et de la confiance que l’équipe m’a témoignée, et je suis pleinement motivé pour tirer le meilleur parti de cette saison. »
À 27 ans, ce départ vers le MotoAmerica ressemble moins à une retraite déguisée qu’à une dernière vraie chance de se redéfinir comme pilote gagnant, dans un championnat où les trajectoires européennes trouvent parfois une seconde jeunesse.
Darryn Binder quitte le paddock mondial sans avoir pleinement concrétisé les espoirs placés en lui, mais avec une expérience rare : avoir connu Moto3, Moto2 et MotoGP. En MotoAmerica, loin de la pression permanente du championnat du monde, il pourra enfin juger son vrai niveau… et peut-être écrire la partie la plus cohérente de sa carrière. Parfois, pour avancer, il faut savoir changer de continent.
