Davide Brivio, figure emblématique du MotoGP ayant joué un rôle clé dans les succès de Yamaha et Suzuki, reste convaincu que Honda et Yamaha retrouveront leur forme d’antan, même si les deux constructeurs japonais ont été dominés ces dernières années par Ducati. Après que les motos japonaises aient remporté tous les titres de champion du monde MotoGP depuis 2008 jusqu’à 2021, une ère de domination a pris fin avec la victoire de Fabio Quartararo en 2021, et depuis, Ducati a pris le relais.
Dans une interview accordée à Speedweek, Brivio a partagé ses pensées sur l’évolution des constructeurs japonais et leurs défis actuels. Selon lui, la situation difficile de Honda et Yamaha ne remet pas en question leur expertise, mais révèle plutôt des problèmes organisationnels et structurels : « je n’ai aucune connaissance directe de ce qui se passe chez Honda ou Yamaha. Ils rencontrent des difficultés et tentent d’acquérir du savoir-faire pour apprendre. Mais je ne peux pas imaginer que les ingénieurs japonais aient oublié comment construire de bonnes motos. »
Il a souligné que, bien que Honda et Yamaha disposent de toutes les ressources nécessaires, l’un des défis majeurs réside dans la manière dont ils organisent et structurent leur travail. « Honda dispose d’une soufflerie et de nombreux ingénieurs. C’est sans doute une question d’organisation et de structure. Ironiquement, les Japonais ont besoin de l’aide des Italiens pour mieux s’organiser. C’est un peu étrange, mais c’est ainsi. »
Davide Brivio : « lorsque Dall’Igna est arrivé chez Ducati, il n’a pas remplacé les ingénieurs. Il a réorganisé leur travail »
L’ancien directeur de Suzuki a expliqué que l’évolution rapide du MotoGP, notamment dans les domaines de l’électronique, de l’aérodynamique et des logiciels, a surpris les ingénieurs japonais. « Il y a dix ou quinze ans, nous travaillions différemment. Aujourd’hui, les outils d’analyse sont bien plus nombreux. Les logiciels ont connu un développement intensif, l’électronique a pris une importance croissante, tout comme l’aérodynamique et les équipements. Les Japonais ont probablement sous-estimé ces aspects au début », a déclaré Brivio.
Il a ajouté que les équipes européennes ont pu prendre une avance que les Japonais doivent maintenant rattraper, notamment en recrutant des experts italiens pour accélérer le processus : « ce processus peut être accéléré en recrutant des Italiens expérimentés. »
Brivio a également évoqué l’exemple de Ducati, dont l’ascension vers le succès a été marquée par la réorganisation du travail interne, plutôt que par un changement d’ingénieurs. « Lorsque Dall’Igna est arrivé chez Ducati, il n’a pas remplacé les ingénieurs. Il a réorganisé leur travail. Il l’a fait avec brio. Mais à ma connaissance, il s’agissait des mêmes employés qui avaient déjà travaillé pour Ducati à l’époque où l’entreprise était moins prospère. »
Cet exemple montre, selon Brivio, qu’un simple ajustement dans l’organisation peut suffire à remettre une équipe sur la voie du succès, ce que Honda et Yamaha peuvent potentiellement appliquer pour retrouver leur compétitivité.
L’expert italien voit dans la réforme du règlement pour 2027 une occasion en or pour les constructeurs japonais de redécouvrir leurs forces d’antan. « Avec la réforme du règlement pour la saison MotoGP 2027, les constructeurs japonais ont une nouvelle occasion de redécouvrir leurs atouts d’antan », conclut Brivio, optimiste quant à l’avenir des usines japonaises, à condition qu’elles s’adaptent aux changements rapides du sport.