L’analyste MotoGP Dennis Noyes a décortiqué le Grand Prix d’Espagne 2025 à Jerez, où Alex Marquez (Gresini, GP24) a signé sa première victoire en catégorie reine, devant Fabio Quartararo (Yamaha) et Pecco Bagnaia (Ducati Lenovo), tandis que Marc Marquez (Ducati Lenovo) chutait. Avec Alex leader du championnat (140 points, +1 sur Marc, +20 sur Bagnaia), Noyes pointe les tensions chez Ducati…
Le Grand Prix d’Espagne a marqué un tournant dans la saison MotoGP 2025. Si Alex Marquez a conquis une première victoire éclatante dans la catégorie reine, c’est bien la chute de son frère Marc et les signes de nervosité dans le box Ducati qui ont retenu l’attention de Dennis Noyes, observateur avisé du paddock.
« Ducati va gagner le championnat du monde. Ce n’est pas une hypothèse, c’est une certitude. Mais la vraie question, c’est : avec qui ? » attaque le Texan avec son franc-parler habituel. La scène que décrit Noyes est révélatrice. Gigi Dall’Igna, architecte en chef de la machine de guerre Ducati, n’affichait pas le moindre sourire. Malgré la puissance affichée par les Desmosedici, la course de Jerez a mis en lumière une complexité inattendue : l’imprévisibilité du scénario de victoire.
« Ils pensaient avoir verrouillé le titre pilotes avec Marc Marquez, recruté pour éviter une répétition du “problème Jorge Martin” », rappelle Noyes. Mais voilà qu’Alex Marquez, pilote satellite, surgit et bouleverse la hiérarchie. Le #73 est devenu un nouveau “cas Martin” : rapide, propre, décisif… et embarrassant pour le team officiel.
Dennis Noyes : « ce qu’Alex fait cette saison, personne ne l’avait anticipé chez Ducati »
« Ce qu’Alex fait cette saison, personne ne l’avait anticipé chez Ducati », résume Noyes. Même Pecco Bagnaia, pourtant double champion du monde, a semblé perdu face au rythme du pilote Gresini. Lorsqu’il a analysé les données d’Alex, il a découvert que celui-ci passait les virages 11 et 12 aussi vite – voire mieux – que lui avec la moto 2024.
Le constat est brutal : la « GP24.9 » n’offre pas encore la confiance attendue, et Bagnaia le paie en performances. « Il pensait dominer à Jerez, mais il a dû s’incliner devant Quartararo… et Alex Marquez », glisse Noyes.
Quant à Marc, l’accident de Jerez est plus inquiétant qu’il n’y paraît. Tombé dans l’un de ses virages fétiches, sans explication claire, il a rejoint Bagnaia dans une spirale de doutes : « deux des meilleurs pilotes au monde qui disent ne pas comprendre pourquoi ils chutent. C’est un signal rouge pour Ducati. »
Et pourtant, Marc attaque toujours. Trop ? « Il veut dominer cette Ducati, la plier à sa volonté. Mais il en paie le prix. Deux zéros cette saison, malgré une vitesse de pointe indiscutable. Marc n’a pas encore intégré ce que Bagnaia a appris à ses dépens : qu’on ne gagne pas un titre en gagnant toutes les courses, mais en évitant les erreurs. »
Pour Noyes, l’usine Ducati est face à un dilemme de luxe. Elle possède les meilleures motos et les meilleurs pilotes… mais aussi des égos, des dynamiques internes complexes, et un système satellite capable de battre l’usine.
Et il conclut sur motosan, incisif : « ils voulaient éviter le scénario Jorge Martin. Et ils ont Alex Marquez. Et ce n’est que le début… »