En 2026, le MotoGP retrouvera un pilote brésilien sur la grille pour la première fois depuis près de vingt ans. Diogo Moreira, à peine 21 ans, auréolé de son titre mondial Moto2 2025, grimpe dans la catégorie reine par la grande porte : un contrat pluriannuel avec Honda LCR.
Un choix audacieux qui en dit autant sur son ambition que sur sa volonté de s’inscrire dans le renouveau du constructeur japonais.
Mais à Valence, lors de son tout premier test sur la RC213V, le prodige a senti une inquiétude inhabituelle monter : quelque chose manque. Et ce “quelque chose”, Moreira l’a demandé en direct… à Marc Marquez.
Moreira n’a pas choisi la facilité. En refusant TrackHouse, qui tourne autour du podium grâce à une Aprilia très compétitive, et Yamaha, qui prépare un V4 encore immature, il s’est engagé dans le projet le plus complexe du plateau : le redressement de Honda.
Un pari très clair : 2026 pour apprendre, 2027 pour viser un guidon d’usine avec les nouvelles règles techniques.
Chez LCR, il trouvera Johann Zarco comme coéquipier, 36 ans, détenteur d’une science de la mise au point précieuse pour un rookie.
Et Zarco l’a prévenu sans détour : « 2027 ne sera pas facile. Il faudra être adaptable. » Moreira le sait : il n’a qu’un an de marge avant d’entrer dans le dur.
Lors du test post-saison, Moreira a fait ses premiers tours de roue. Et la marche entre Moto2 et MotoGP lui est apparue immense. Face à la foule venue célébrer le titre de Marquez à Cervera, le Brésilien l’a confessé publiquement, presque gêné :
« Pour le moment, je ne me sens pas prêt pour le MotoGP. On a fait des essais mardi et il me manque encore quelque chose. Peut-être que vous pourrez me donner quelques conseils. »
Une demande adressée au nonuple champion du monde, sous les applaudissements. Un moment rare, presque intime : un champion du monde en devenir demandant de l’aide au plus grand pilote de sa génération.
Ironie du sort : c’est Marc Marquez lui-même qui avait conseillé à Moreira de choisir Honda avant de signer son contrat.

L’aveu choc de Diogo Moreira : « je ne me sens pas prêt«
Le frère du champion, Alex Marquez, proche de Moreira pendant leur cohabitation en Andorre, n’a cessé de plaider pour la RC213V version 2026, décrite comme l’une des possibles plus grandes évolutions de l’histoire récente du constructeur. Le soutien de Marquez n’a pas été anodin dans sa décision.
Et maintenant que le jeune brésilien a découvert la brutalité d’une MotoGP, il revient naturellement vers celui qui a dompté la Honda pendant une décennie.
Le titre Moto2 2025 de Moreira, acquis avec 30 points d’avance, ne reflète pas la réalité d’une saison éprouvante. Avant Valence, il se battait dans une lutte à quatre pour le titre.
Mais sa fin de saison fut exceptionnelle : 6 top 5 consécutifs, 9 podiums, 4 victoires… Un retour flamboyant après un début catastrophique. Le talent est là, l’explosivité aussi.
Mais le style précis, propre et très “flow” de Moreira doit désormais muter pour survivre dans la catégorie reine.
Personne ne lui demande des podiums en 2026. Même chez Honda, on le répète : une année blanche pour apprendre, avant la tempête de 2027.
L’écart de performance entre Honda et Ducati est encore colossal. Moreira va donc devoir apprendre une gestion électronique extrêmement complexe, comprendre les pneus 2026 puis ceux de Pirelli en 2027, adapter son corps à une machine bien plus physique, apprendre auprès d’un Zarco très méthodique, composer avec un constructeur en reconstruction. Et surtout, se nourrir des conseils de Marc Marquez.
Diogo Moreira n’a que 21 ans. Il a l’audace, la vitesse, la lucidité et — fait rare — la modestie de reconnaître publiquement ses limites.
Sa démarche envers Marquez montre une maturité que peu de rookies ont avant leur premier départ.
Son histoire MotoGP commence à peine, et elle pourrait devenir celle du retour du Brésil au plus haut niveau du sport motocycliste.
Mais avant d’espérer rivaliser avec Marquez, Acosta ou Bezzecchi, il devra combler cet écart qu’il a lui-même senti à Valence : ce fameux “quelque chose”.
Une année entière pour le trouver. Et une carrière pour prouver qu’il avait raison de croire en Honda.





























