Le duel Bagnaia vs Marquez ne se joue pas seulement sur la piste, mais aussi dans les stands Ducati. Alors que Marc domine le championnat avec 93 points d’avance sur Pecco, leurs divergences techniques menacent l’harmonie de l’équipe.
Le garage Ducati Lenovo est un véritable champ de bataille en 2025. Marc Marquez, leader du championnat, domine la Desmosedici GP25 avec aisance. Pendant ce temps, Pecco Bagnaia, double champion du monde de la marque, végète à la troisième place, à 93 points de son coéquipier. L’écart est colossal, et la tension palpable. Au cœur du conflit ? Une guerre intestine sur les réglages et l’aérodynamique de la moto, révélant deux visions opposées. Qui l’emportera dans ce duel technique et psychologique ?
Après le Grand Prix d’Aragon, Ducati a dévoilé un nouveau carénage aérodynamique pour rendre la GP25 plus légère et maniable. Les retours des pilotes ? Diamétralement opposés. Bagnaia, en quête de confiance, exulte : « c’est le test le plus positif de la saison. J’ai hâte de rouler avec ce carénage ». De l’autre côté du stand, Marquez reste sceptique : « on doit l’analyser en profondeur, le tester sur un autre circuit, l’introduire progressivement. ».
Lors des essais, Marc, qui utilise une configuration proche de la GP24 de son frère Alex chez Gresini, n’a pas amélioré ses chronos avec ce nouvel équipement. « Dimanche, en course, j’utilisais la même moto qu’Alex, car on doit encore peaufiner ces nouveaux éléments », explique-t-il. Bagnaia, lui, voit dans ce carénage une lueur d’espoir pour retrouver son feeling perdu.
Marc Marquez l’adaptable vs Pecco Bagnaia l’analytique chez Ducati
Le débat ne s’arrête pas à l’aérodynamique. Les disques de frein de 355 mm, adoptés par Bagnaia, cristallisent les divergences. Pour Pecco, ce changement est une révélation : « j’ai retrouvé du feeling, ça m’a permis de remonter sur le podium ». Les données confirment qu’il freine plus fort que quiconque, mais il s’étonne : « cette saison, je freine moins, et on ne sait pas pourquoi. Avec les 355 mm, je gère mieux. »
Marc, en revanche, reste de marbre : « je n’ai pas senti de différence. C’est juste un peu plus lourd, moins réactif, avec un léger gain en bout de ligne droite. ». Fabio Di Giannantonio, autre pilote GP25, partage l’avis de Marquez, laissant Bagnaia isolé dans son choix.
Le nœud du problème réside dans leurs approches. Marquez, pragmatique, s’adapte à tout, même aux défauts de la GP25. « Quand vous essayez beaucoup de réglages et que vous ne vous sentez pas à l’aise, c’est vous le problème, pas la moto », lâche-t-il, un tacle implicite à Bagnaia. Ce dernier, connu pour sa sensibilité aux détails, souffre d’un manque de confiance à l’avant : « dès que je freine fort, je sens que la roue avant va glisser. Ça me limite énormément. ». Il regrette la GP24, qu’il juge plus stable, et a envisagé même d’y revenir, bien que le moteur et l’aérodynamique soient figés jusqu’en 2026. Marquez, lui, excelle avec un moteur 2025 optimisé pour son style agressif, favorisant un avant incisif qu’il compense par son pilotage.
Le team manager Davide Tardozzi insiste : « Pecco n’est pas sous pression. On travaille pour lui redonner confiance. ». Mais les tensions montent. Certains observateurs, comme Ricard Jové, vont plus loin : « Ducati commence à perdre du respect pour Pecco. Il doit digérer que Marquez le domine. ».
Le choix du moteur 2025, décidé en présaison, illustre déjà ce dilemme. Marquez prônait la prudence avec la GP24, tandis que Bagnaia voyait du potentiel dans le nouveau moteur, malgré ses défauts. Résultat : un compromis qui semble avantager Marc. Avec le nouveau carénage, Bagnaia pourrait adopter une configuration différente, mais Marquez accepterait-il un retour en arrière ? Gigi Dall’Igna, patron technique, devra trancher.
La question brûle les lèvres : les deux pilotes pourraient-ils adopter des configurations distinctes ? Bagnaia pousse pour des ajustements spécifiques, comme les freins de 355 mm ou le nouveau carénage, tandis que Marquez préfère une approche progressive. « On doit réfléchir : le faire maintenant ou attendre Misano ? Les sensations sont bonnes, mais les chronos restent similaires », note Marc. Cette divergence pourrait mener à une « séparation technique », où chaque pilote optimiserait sa moto selon son style. Mais pour progresser, Ducati impose un moteur commun, forçant un accord. Sans consensus, le risque d’un conflit ouvert grandit, avec des répercussions sur l’harmonie du box.
Marc Marquez, avec sa domination actuelle, semble avoir l’ascendant. Sa capacité à « piloter un tracteur » lui donne un avantage psychologique et technique. Bagnaia, en quête de son mojo, mise sur des ajustements précis pour renverser la vapeur. Le prochain test MotoGP à Misano et les courses avant la pause estivale seront cruciaux. Si Ducati parvient à concilier leurs visions, la GP25 pourrait devenir imbattable. Sinon, ce duel interne pourrait fragiliser l’équipe.