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Ducati

Du MotoGP au WSBK en passant par le WSS, Ducati a visiblement le tort de montrer de manière trop efficiente son savoir-faire comme son orientation des ressources vers la compétition, le tout pour l’élaboration de motos totalement réglementaires et plus compétitives que la concurrence. On devrait être logiquement félicité, apparaitre comme un exemple et nourrir une saine émulation auprès des adversaires revanchards, motivés, de fait, pour élever leur niveau de jeu et repasser ainsi devant. Mais il faut croire que ce noble état d’esprit appartient au passé. Aujourd’hui, lorsque l’on sort la tête du paquet, on court le danger de se la faire couper. Ducati gêne au point d’être la victime d’une cabale qui fait son effet, puisque les règlements changent déjà…

La prise de position de Pit Beirer, l’homme de KTM est sans ambiguïté : « nous devons travailler dur pour combattre la supériorité de Ducati ». Dans les ateliers ? Que nenni. Plutôt dans les coulisses pour changer les règles d’un jeu où on ne gagne pas. L’homme de Mattighofen s’exprimait ainsi au sujet des ailerons, amenés et développés par Ducati en Grand Prix, qui sont réglementaires, et qui nuiraient à présent au spectacle. Les dépassements deviendraient impossibles. Cela étant dit, ça dépend avec qui. Bastianini a montré au Mans que c’était admirablement faisable, mais on était, il est vrai entre Ducati. Alors on se reportera à la course d’Austin et à la remontée fantastique de Marc Marquez. S’il n’a pu aller plus haut qu’aux portes du top 5 après avoir pointé dernier au premier virage, c’est qu’il avait épuisé ses munitions. Mais avant ça, il était occupé de pas mal de motos équipées avec des ailerons, comme la sienne.

La phrase choc qui a cours est que lorsque l’on roule une demi-seconde plus vite que celui qui est devant, on doit pouvoir le dépasser. Et ce ne serait plus possible. Mais le pilote qui se fait ainsi remonter a aussi le droit de se défendre. Ce qui semble être oublié dans une démonstration qui arrive toujours à la même conclusion : il faut castrer ces satanées Ducati. Pit Beirer dit que ses propres pilotes se plaignent. Il devrait ouvrir un peu plus ses écoutilles car ils ne se plaignent pas que de ça. Sinon, on n’entendrait pas dire que certains d’entre eux demandent l’ajout d’une convention obsèques lorsqu’ils prennent le guidon d’une RC16.

Ducati sera privé en 2023 du FRHD après une action en bande organisée de la concurrence qui a mis une telle pression aux officiels qu’ils ont pris une décision qui interpelle dans son principe : il va être interdit un système qui a été mis au point en respectant le règlement en vigueur et que l’on n’a pas encore défini pour border son bannissement, néanmoins acquis. On constate que la même manœuvre politique vient de s’engager au sujet des ailerons. Et c’est dangereux, parce que les perdants seront toujours plus nombreux que le gagnant. Les vaincus n’ont plus de pudeur à réclamer le changement de la règle avouant ainsi qu’ils seront toujours moins bons. Parce que, intrinsèquement, c’est le cas.

Francesco Bagnaia, Ducati Lenovo Team, SHARK Grand Prix de France

Chez Ducati il n’y pas de délinquants mais des gens compétents

Au passage, Ducati est aussi une cible en WSBK avec une Panigale V4R qui va trop vite, comme si pour gagner dans une compétition il fallait être lent. Le coup du nouveau règlement en Supersport a aussi été un cas d’école : les constructeurs japonais ont crié au scandale en voyant la Ducati V2 arriver, menaçant jusqu’à se retirer de la compétition. L’italienne était un vilain petit canard. Après trois manches de ce championnat, c’est pourtant toujours la même moto qui gagne, identique aux saisons précédentes.

Ducati semble trop bien faire ses devoirs. Mais les faits sont là : les Desmosedici sont légales et s’il y en a huit en MotoGP c’est que c’est autorisé. Plutôt que de railler la marque à l’apparition des premières ailettes sur le carénage, comme les pontes de Honda l’ont ouvertement fait à l’époque, il aurait fallu se montrer plus professionnel et moins sûr de soi pour comprendre ce qui allait se passer. Ducati n’est pas peuplé de délinquants mais de gens compétents. Plutôt que de les montrer du doigt en suggérant qu’ils sont coupables dont on ne saurait trop de quoi, il faut les féliciter pour un travail que le résultat sur la piste démontre. Et le chrono est le seul à être objectif dans ses données.

Maintenant, qu’attend-on du MotoGP dans une conjoncture où on ne veut plus y dépenser un sou de plus, ce qui se comprend au vu d’une conjoncture qui n’encourage pas à l’optimisme ? Il existe déjà une catégorie où tout le monde roule avec le même moteur et peu ou prou le même cadre, avec des noms de constructeur sur le carénage qui n’ont aucunement construit quoi que ce soit sur la moto. Il n’y a aucun aileron non plus. Il s’agit du Moto2. Mais on ne s’y dépasse pas vraiment et le déroulé des courses n’est pas si passionnant. En revanche les budgets sont maitrisés. Est-ce l’avenir ? Si la moto unique est une Desmosedici, pourquoi pas…

Francesco Bagnaia, Ducati Lenovo Team, SHARK Grand Prix de France

 

 

 

 

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