Dans une interview Stefano Bedon, figure bien connue du paddock avec plus de 30 ans d’expérience dans les catégories inférieures du Championnat du Monde (incluant Moto3 et Moto2), a partagé une analyse claire sur l’importance cruciale des classes secondaires pour l’équilibre et la santé globale du spectacle MotoGP. Pour lui, affaiblir les catégories Moto3 et Moto2 mettrait directement en péril la santé et l’avenir du MotoGP lui-même.
Bedon souligne d’emblée que le MotoGP ne peut pas prospérer isolément. Selon lui, les classes Moto3 et Moto2 ne doivent pas être affaiblies, car elles sont non seulement des tremplins sportifs mais aussi des éléments essentiels dans la construction de personnalités et d’histoires fortes qui attirent les fans.
« Un Moto3 et un Moto2 faibles ne feraient pas du bien au MotoGP », explique-t-il sur GPOne, pointant une fragilité du système si l’attention se concentre exclusivement sur la catégorie reine.
Il met en avant une logique simple : sans une base solide dans les classes inférieures, il devient difficile de découvrir et promouvoir de nouveaux talents, ce qui pourrait à terme appauvrir le championnat principal :
« Aujourd’hui, si le MotoGP traverse une saison monotone sans grands personnages, il devient encore plus difficile d’attirer l’attention, puisqu’il n’y a plus la possibilité de se focaliser sur les autres classes. »
Bedon identifie également plusieurs déséquilibres entre Moto3/Moto2 et le MotoGP qui, à son avis, contribuent à affaiblir l’écosystème global du championnat :
Écart trop large entre les niveaux techniques des motos : il plaide en faveur d’une réduction du fossé entre Moto3 et Moto2 pour faciliter la progression des pilotes. Moindre exposition médiatique des classes inférieures, par rapport aux époques passées où elles suscitaient davantage d’intérêt chez les fans et les médias.
Il y a aussi les modèles économiques fragiles pour les équipes de Moto3/Moto2, qui notamment travaillent encore beaucoup grâce aux avantages d’être proches du paddock MotoGP — un lien qu’il juge vital pour survivre financièrement et attirer des sponsors.

« Rendre le MotoGP trop élitiste, comme F1, pourrait coûter cher à l’ensemble du paddock »
L’un des axes forts du discours de Bedon est sa vision d’un MotoGP plus inclusif, contrastant avec l’approche très exclusive de la Formule 1. Il rappelle que la moto est un produit fédérateur et souvent considéré accessible dans des segments sociaux plus larges que les sports automobiles traditionnels :
« Les motos sont un produit populaire, et même les classes moyennes peuvent s’y identifier. Rendre le MotoGP trop élitiste, comme F1, pourrait coûter cher à l’ensemble du paddock. »
Selon lui, l’inclusion et la diversité des catégories restent des aspects essentiels pour garantir un avenir prospère à tout le championnat, du Moto3 au MotoGP.
Si Bedon avait la possibilité de “redessiner” Moto3 et Moto2, il mettrait l’accent sur deux axes : réduire l’écart technique entre les catégories pour faciliter les transitions de pilote. Et renforcer l’identité et l’exposition des classes inférieures, notamment à travers des constructeurs présents et des technologies visibles sur des motos proches du marché du grand public.
Pour Stefano Bedon, la santé du MotoGP n’est pas seulement liée à ses stars et à ses gros budgets : elle dépend aussi de la force de ses fondations — Moto3 et Moto2. Sans des catégories inférieures robustes, l’ensemble du système risque de perdre en attractivité et en narration, ce qui pourrait à terme peser lourd sur l’avenir du Championnat du Monde.
































