Comme souvent en MotoGP, le destin peut basculer en quelques secondes. Ce dimanche au Qatar, Jorge Martin en a fait la douloureuse expérience. Le pilote Aprilia, qui venait tout juste de revenir après une longue absence due à une blessure au scaphoïde, a de nouveau été terrassé par la malchance. Une chute spectaculaire suivie d’un impact avec un autre pilote l’a laissé avec 11 côtes fracturées et un pneumothorax, le contraignant à une nouvelle convalescence.
Jorge Martin (Aprilia Racing), champion du monde MotoGP 2024, a vu son retour au Grand Prix du Qatar 2025, le 13 avril, virer au drame. De retour après deux mois d’absence (fractures au scaphoïde, main droite/pied à Sepang, main gauche à Lleida), il chute au virage 12 (tour 14/22) sur le vibreur et est percuté par Fabio Di Giannantonio (VR46 Ducati). Résultat : onze fractures costales (huit arcs postérieurs, côtes 1-8 ; trois arcs latéraux, côtes 7-9) et un pneumothorax traumatique droit. Ricard Jové, analyste, lie cette chute à un manque de forme physique, tout en nuançant l’impact du choc. Hospitalisé à Hamad General Hospital (Doha) avec un drain thoracique, Martin fait face à 2-3 semaines d’hospitalisation et sans doute ensuite trois mois d’absence.
« Le point positif de ce week-end, c’est que nous avons été vraiment encouragés de voir que, malgré son manque de kilomètres à moto, il maintient sa vitesse« , analyse Ricard Jové sur motosan. Martin avait en effet impressionné durant les essais, affichant un rythme compétitif qui laissait espérer un retour tonitruant.
« Je pense que la chute de Jorge Martin était une conséquence semi-directe de son manque de forme physique »
Pourtant, la question de la limite physique s’est brutalement posée : « je pense que la chute était une conséquence semi-directe de son manque de forme physique, car il a perdu le contrôle de sa moto« , poursuit Jové. Un constat nuancé par la violence de l’impact : « je ne dis pas que la blessure est directement due à la chute, car il y a aussi eu un petit choc par derrière. »
Le diagnostic médical est sans appel : Martin devra observer plusieurs semaines de repos, avec un retour en piste improbable avant trois mois. « Recommencer ce qu’il a vécu, s’être blessé six côtes deux fois… Pour finir, il est dans une situation très compliquée« , souligne Jové, avant d’ajouter : « il faut parfois être patient, car sinon on ne s’en remet jamais vraiment. »
Ces mots résonnent comme un avertissement pour le jeune Espagnol, qui cumule désormais trois accidents graves en 65 jours. Un rythme infernal qui interroge sur sa gestion du retour à la compétition.
L’histoire récente de la MotoGP regorge d’exemples de pilotes revenus trop tôt, au prix de séquelles durables. Comme l’avait rappelé Marc Marquez à Martin avant le Qatar : « mon seul regret en carrière est d’être revenu trop tôt en 2020. »
Le dilemme est cruel. D’un côté, l’envie féroce de retrouver la com pétition. De l’autre, la nécessité absolue d’une guérison complète. Le dernier mot revient à Jové : « j’espère qu’il s’en sortira. Mais aujourd’hui, le temps est son meilleur allié. » Alors que le paddock se tourne vers Jerez, un silence pesant entoure la chambre d’hôpital de Martin. Sa saison est en suspens, mais son avenir reste à écrire.