À Phillip Island, Fabio Di Giannantonio a prouvé qu’il n’était pas qu’un “pilote satellite”. Avec une remontée éclatante jusqu’à la deuxième place, il est devenu le meilleur représentant de Ducati sur la GP25, pendant que Pecco Bagnaia sombrait dans un nouveau week-end cauchemardesque. Deux pilotes, une même moto, mais deux philosophies radicalement différentes — et le contraste saute aux yeux.
Parti dixième après des qualifications compliquées, « Diggia » a géré sa course avec sang-froid avant de remonter jusqu’à la deuxième place, ne cédant qu’à Raul Fernandez. Un résultat d’autant plus symbolique qu’il survient après une saison semée d’embûches avec la GP25, cette machine que les trois pilotes Ducati qui sont dotés peinent à dompter… Hors Marc Marquez, cela va sans dire …
Mais au lieu de s’enfermer dans les explications techniques, Di Giannantonio a choisi une autre voie : celle du lâcher-prise.
« Je vois Ducati écrit sur le réservoir, et je me dis : c’est tout ce que j’ai besoin de savoir », confiait-il selon le journaliste Neil Morrison.
Fini les analyses à rallonge, les débats sans fin sur les évolutions entre la GP24 et la GP25. Di Giannantonio a décidé de laisser les ingénieurs effectuer leur travail et de se concentrer sur ce qu’il contrôle : son pilotage.
« Faites ce que vous avez à faire, ingénieurs, moi je monte dessus et j’accélère. » Une philosophie simple, presque désarmante, mais terriblement efficace. Et à Phillip Island, elle a payé.
Pendant que son compatriote s’adapte et avance, Pecco Bagnaia s’enlise dans une spirale d’erreurs et d’incompréhensions.
Trois abandons en quatre courses, des chutes à répétition, et une moto qui semble lui échapper un peu plus à chaque Grand Prix. À Phillip Island, la GP25 l’a trahi dès les premiers tours, secouée en pleine ligne droite, avant de l’envoyer au tapis dans les derniers.
Bagnaia, pourtant méthodique et pointilleux, semble aujourd’hui victime de son perfectionnisme. « J’ai préféré attaquer fort et tomber plutôt que finir dernier », lâchait-il, fataliste.
Fabio Di Giannantonio : « je vois Ducati écrit sur le réservoir, et je me dis : c’est tout ce que j’ai besoin de savoir »
Le contraste avec Diggia est frappant : là où l’un lâche prise, l’autre tente de tout contrôler — et finit par se perdre dans les réglages et les doutes.
Le double champion du monde MotoGP a pourtant utilisé la même configuration qu’à Motegi, où il avait triomphé. Mais à Mandalika comme en Australie, le résultat fut désastreux.
Problème de feeling, freinage instable, moto capricieuse en entrée de virage… Ducati se referme dans un silence embarrassé, tandis que les chutes de Bagnaia soulèvent des questions sur la cohérence du développement de la GP25.
Pol Espargaró, observateur lucide du paddock, va plus loin : « les problèmes de Pecco sont plus profonds que la moto. Il semble découragé. »
Di Giannantonio et Bagnaia incarnent aujourd’hui les deux visages d’une même marque.
L’un choisit la confiance, l’instinct, et transforme une saison difficile en podium inattendu. L’autre s’enferme dans une quête de perfection qui le paralyse.
À l’heure où Marc Marquez s’éclate sur la GP25 et écrase le championnat, Ducati doit se poser la vraie question : le problème vient-il de la moto… ou de la manière dont on la pilote ?
À Phillip Island, « Diggia » n’a pas seulement signé un podium — il a offert une leçon de simplicité. Et peut-être, sans le dire, montré à Bagnaia la sortie du labyrinthe.