Le grondement s’intensifie dans le paddock MotoGP : Yamaha prépare sa renaissance. Au cœur de cette effervescence, un projet que l’on croyait longtemps impossible pour la firme d’Iwata : un moteur V4. Après des décennies de fidélité au célèbre quatre cylindres en ligne, la marque japonaise s’apprête à tourner une page historique. Et les premiers essais ont déjà fait couler beaucoup d’encre.
C’est Jack Miller, de Pramac Yamaha, qui donne le ton. Après deux séances d’essais, l’Australien affiche un enthousiasme mesuré : « je suis content de la direction qu’a prise le V4 », confie-t-il, tout sourire. « L’adhérence arrière s’est nettement améliorée. »
Mais derrière cette satisfaction se cache un constat sans détour : « la puissance brute du moteur reste une faiblesse. Nous devons en extraire quelques chevaux de plus. »
Sur les longues lignes droites de Misano, la Yamaha V4 s’est encore montrée timide face aux missiles rouges de Ducati ou à la cavalerie autrichienne de KTM. Miller reste toutefois convaincu que le moteur a un potentiel énorme :
« C’est un nouveau projet, mais c’est plus facile de trouver de la puissance que de corriger un châssis. »
Derrière les box, une véritable lutte d’influence se joue entre les ingénieurs fidèles à la philosophie « inline-four » et les partisans du changement radical.
Les premiers défendent la précision et la douceur légendaire du quatre-en-ligne ; les seconds prônent la modernisation indispensable pour rivaliser avec Ducati, Aprilia, KTM et Honda, tous passés au V4 depuis longtemps. Ce bras de fer interne pourrait bien redéfinir la trajectoire technique de Yamaha pour toute la décennie à venir.

Le test décisif pour Yamaha : Sepang et Valence
Le V4 fera une nouvelle apparition à Sepang, avec Augusto Fernandez au guidon pour un rôle de wild-card. Une ultime sortie est aussi prévue à Valence, théâtre symbolique de fin de saison et de transitions technologiques. Ces deux rendez-vous seront cruciaux pour déterminer si le V4 prendra officiellement la relève de la M1 actuelle en 2026.
Tout le monde n’est pas convaincu. Fabio Quartararo, la figure emblématique du projet Yamaha actuel, a fait part de sa frustration après les essais de Misano :
« Ce n’est pas encore la révolution attendue. Je ne suis pas sûr que le V4 soit prêt pour 2026. »
Une prudence qui tranche avec l’optimisme combatif de Miller, qui s’apprête à célébrer son 250e départ en Grand Prix à Phillip Island :
« C’est génial d’atteindre ce chiffre, mais je ne suis pas là pour compter. J’ai encore beaucoup à donner, et le meilleur est à venir. »
Pour Yamaha, l’enjeu est colossal. Le passage au V4 représenterait la rupture la plus audacieuse depuis la M1 de 2002. Si la puissance promise se concrétise, le constructeur pourrait enfin combler l’écart qui le sépare des rivaux européens.
Mais si le projet échoue, la marque au diapason risque de s’enliser dans une transition douloureuse, minée par les luttes internes et la pression d’un calendrier qui ne pardonne pas.
Une seule certitude : le monde du MotoGP retient son souffle. Le rugissement du V4 Yamaha pourrait bien annoncer une nouvelle ère, ou la dernière bataille d’un géant en quête de renaissance.





























