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Fabio Quartararo

Sur la plage de Smiths Beach, Fabio Quartararo marche seul, les pieds dans le sable, le regard vers l’océan. On pourrait croire à une pub pour un parfum de luxe, mais non : c’est juste un champion du monde en exil intérieur. El Diablo s’offre une semaine d’air pur sur la Gold Coast, loin des ingénieurs, des datas, et surtout de cette Yamaha M1 qui a plus de promesses que de vitesse. À 26 ans, Fabio a compris une chose simple : les rêves ont une date de péremption. Et la sienne approche.

Fabio Quartararo n’a jamais craint les virages serrés, mais celui qui se présente aujourd’hui pourrait bien être décisif. « Ce que Yamaha n’a pas réussi à accomplir depuis des années, j’espère qu’ils pourront le faire en quelques mois. Je n’ai plus beaucoup de temps pour réaliser mes rêves. »

Le message est limpide. Derrière le ton mesuré, c’est un avertissement à peine voilé adressé à Iwata : la patience du Niçois a des limites. Sa prolongation jusqu’en 2026 n’était pas un engagement de confort, mais un pari personnel, presque désespéré.

« En 2022, j’ai failli partir. Mais je venais de remporter le titre, j’étais en tête du championnat, et j’ai eu confiance en ce que je voyais. C’était ma dernière chance avec eux. »

Trois ans plus tard, les progrès se font toujours attendre. Et si Yamaha parle de révolution technique, Quartararo, lui, réclame des résultats, pas des powerpoints.

Son histoire, il l’a construite à contre-courant. Recruté presque par hasard par Petronas Yamaha après deux bons week-ends en Moto2, il a saisi l’opportunité d’une vie. « Si je n’avais pas reçu cet appel, qui sait ce qui se serait passé ? » se souvient-il.

Quartararo parle moins qu’avant. Il a appris à choisir ses mots — et surtout ses gens. « J’ai déménagé à 14 ans, j’ai mûri vite. Je n’ai pas d’amis d’école, mais j’ai des gens de confiance. »

C’est ce qu’on appelle la maturité par élimination. Dans un paddock où tout le monde sourit tant que vous êtes sur le podium, Fabio a compris que les poignées de main ne sont pas toujours gratuites.

Sur les réseaux, il affiche un calme zen, presque trompeur. En réalité, il bouillonne sous le casque.

Champion du monde 2021, symbole d’un renouveau français en MotoGP, il est le visage d’un constructeur japonais qui croyait encore à son ADN de vainqueur. Mais depuis, les promesses se sont effritées, et le titre semble plus lointain que jamais.

Fabio Quartararo : « chez Yamaha, je ne me suis jamais senti seul, mais j’ai souvent dû tirer plus fort que les autres »

Dans le box Yamaha, Quartararo est à la fois le moteur et la victime d’un projet en crise.

« Je ne me suis jamais senti seul, mais j’ai souvent dû tirer plus fort que les autres. En course, j’ai toujours tout donné. Je sais où le bât blesse : moteur, adhérence, ou d’autres facteurs hors de mon contrôle. »

Le constat est amer. Le Français enchaîne les saisons à lutter pour le top 10 pendant que Ducati empile les victoires et que KTM, Aprilia et même Honda reconstruisent. Pendant ce temps, Yamaha semble bloquée dans une lente agonie technique.

S’il y a une chose que Quartararo refuse, c’est qu’on l’enterre. « Je suis bien meilleur que lorsque j’ai remporté le titre. Ces trois années m’ont rendu plus fort. J’ai appris à me battre sans la moto idéale. »

C’est un message de résistance autant que de frustration. Fabio reste un pur compétiteur, forgé dans l’adversité, mais l’usure commence à se faire sentir. Il le sait : la fenêtre de tir pour redevenir champion se rétrécit.

« Je ne sais pas où je serai dans quelques années, mais je sais que je veux gagner à nouveau. Et cette fois, le temps joue contre moi. »

À Iwata, tout le monde a compris la gravité du message. Fabio ne parle pas d’un caprice, mais d’un compte à rebours. Si la M1 2026 ne tient pas ses promesses, la rupture semblera inévitable. Et dans un paddock où les contrats se signent de plus en plus tôt, Quartararo ne compte pas se faire doubler sur la grille du marché.

« Pour l’instant, je ne parle à personne, mais j’y réfléchis. Je ne veux pas me faire surprendre pendant que les autres passent à l’action. »

Le ton est posé, mais le fond est implacable. Quartararo ne se contente plus d’espérer : il réclame des preuves. Il a tout donné à Yamaha, il a porté seul un projet MotoGP dépassé — mais désormais, il veut à nouveau se battre pour des victoires. Et s’il doit partir pour cela, il partira.

Fabio Quartararo

 

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