Invité dans la nouvelle émission de Pol Espargaró sur DAZN, Fabio Quartararo s’est livré avec franchise sur sa saison 2025, son engagement controversé avec Yamaha, et ses ambitions à moyen terme. Une conversation sincère entre deux anciens rivaux qui révèle l’état d’esprit du pilote français : déterminé, lucide, et prêt à tout pour revenir au sommet.
Après trois pole positions consécutives à Jerez, au Mans et à Silverstone, Quartararo semble être le seul à réellement contester l’hégémonie des Ducati sur un tour. Mais les dimanches sont plus compliqués…
« Nous essayons vraiment de ne pas trop toucher la moto depuis le Qatar. Les trois premières courses, on cherchait quelque chose qu’on n’avait pas. Depuis, on ne change presque plus rien, et je roule bien mieux, avec une électronique plus douce. Je me sens très bien sur un tour. »
Fabio reste le seul pilote Yamaha à exploiter le potentiel de la M1. « Mon point fort a toujours été le tour chrono. J’ai un bon feeling avec l’avant, et avec cette moto, on peut vraiment aller chercher un peu plus. »
Yamaha, longtemps critiquée pour sa lenteur dans le développement, change de philosophie. « On n’a testé aucun moteur à Misano. On l’a fait à Jerez, et on en testera un autre après Aragon. On a testé de l’aéro, du châssis… mais rien sur le moteur pour l’instant. »
Le Français reconnaît que l’équipe japonaise s’européanise : « travailler avec les Japonais, c’est bien. Parfois, c’est trop lent… mais il y a de plus en plus d’Européens. Et les Japonais présents ici sont devenus un peu européens aussi. S’ils voient que quelque chose fonctionne, ils l’adoptent. C’est un changement brutal pour eux. »
Fabio Quartararo et le choix de rester chez Yamaha : cœur, raison et ambition
Critiqué pour avoir prolongé avec Yamaha malgré des propositions ailleurs, Quartararo assume totalement. « Écoutez, pour moi, le projet a toujours été la priorité. Je ne vais pas mentir, l’aspect économique a aussi compté. Mais petit à petit, on revient. Faire beaucoup de tours à bon rythme, c’est compliqué. Pour l’instant, on peut en faire quatre ou cinq correctement. Il faut travailler la régularité. »
Il revient aussi sur la dure année 2023, marquée par le doute et un gros travail personnel. « C’était très dur mentalement. Je suis passé de jouer le titre à me voir 10e ou 12e. J’ai beaucoup travaillé avec un coach. Aujourd’hui, je dois rester plus calme. Je ne peux plus dire : « rien ne va ». J’ai amélioré mes retours aux ingénieurs, ma gestion de la colère. Je suis devenu plus précis. »
Fabio est clair sur motosan : il croit au projet Yamaha, mais pas indéfiniment. « Beaucoup de choses ont pesé dans ma décision de rester chez Yamaha. C’est la marque de mes rêves. Enfant, je regardais Valentino Rossi rouler pour eux. C’est Yamaha qui m’a donné ma chance en MotoGP. Et maintenant, avec l’ampleur du projet, les investissements, je veux vraiment revenir au sommet avec cette marque. »
Mais si les choses n’avancent pas d’ici 2027, date du changement de règlement, il n’hésitera pas : « je crois vraiment en ce projet. Mais s’il ne fonctionne pas, je passerai à un autre qui est déjà prêt. C’est très clair. Je n’ai plus de temps. Je veux aller dans un endroit où la moto est compétitive dès le départ. »
Fabio Quartararo ne rêve pas. Il construit. Il ne supplie pas. Il attend. Mais pas trop. Yamaha a une dernière fenêtre pour transformer la loyauté du Français en renaissance sportive. Car une chose est sûre : “El Diablo” ne patientera pas éternellement.