Lors des essais libres du Grand Prix de France 2025 au Mans, Pecco Bagnaia a brillé avec une 3e place dans le contre-la-montre crucial de vendredi, à seulement 0,184 seconde de son coéquipier Marc Marquez et de Fabio Quartararo. Pourtant, malgré cette performance solide, le vice-champion du monde 2024 affiche une mine crispée, révélant dans un combat intérieur pour s’adapter à une Ducati Desmosedici qui a changé.
Francesco Bagnaia n’affiche pas de triomphalisme. Son regard reste grave, son ton mesuré. Et surtout, son diagnostic est sans concession. « C’était un bon vendredi, nous avons fait les démarches nécessaires. Je suis satisfait », commence-t-il sobrement. Mais le fond de sa pensée arrive vite, et il ne le cache pas : « ce qui me rend fou, c’est de réaliser que je ne peux plus piloter la moto actuelle comme avant. Depuis 2020, je pilotais la Desmosedici à ma manière, avec beaucoup de puissance à l’entrée des virages. Il m’a fallu six Grands Prix pour accepter que cette époque est révolue. »
Bagnaia touche ici à l’un des enjeux techniques les plus cruciaux de sa saison : l’adaptation au caractère radical de la GP25, une machine qui semble mieux convenir à un Marc Marquez désormais en pleine possession de ses moyens. « Ce que j’attendais de la moto n’est plus là. Maintenant, c’est à moi de m’adapter. Cette Ducati est très rapide, mais elle exige une approche différente, et je vais suivre cette voie plutôt que de continuer à chercher quelque chose qui n’existe plus », poursuit-il, entre lucidité et détermination.
Pecco Bagnaia : « Marc Marquez a montré ce qu’il était possible de faire avec le nouveau châssis »
Pour Pecco, l’ombre du numéro 93 plane sur chaque séance. « Marc a montré aujourd’hui ce qu’il était possible de faire avec le nouveau châssis. Je continuerai dans cette direction, probablement à Aragon. Ducati et mon équipe font un travail remarquable, ils me soutiennent énormément. Cela m’aide à retrouver cette sensation de familiarité, et si nous continuons à travailler comme aujourd’hui, nous y parviendrons. »
Le message est clair : Bagnaia refuse de subir. Il sait que pour reprendre la main dans ce duel fratricide entre champions Ducati, il lui faut réinventer son pilotage, sans perdre de vue ce qu’il a accompli. « Ce qui me rendrait vraiment heureux, c’est de retrouver le feeling que j’ai connu en gagnant 30 Grands Prix. Plus que quiconque », glisse-t-il avec une pointe de mélancolie… mais surtout une envie intacte. À 0,184 seconde de la pole provisoire, Bagnaia est encore dans le match. Et il le sait : la vraie course commence maintenant.
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