Dans l’arène sans pitié du MotoGP, rares sont les figures qui ont su observer de si près l’ascension des plus grands talents. Francesco Guidotti, ex-patron de Pramac et KTM, a façonné des trajectoires qui marquent déjà l’histoire. De Pecco Bagnaia à Pedro Acosta, prodige parfois trop pressé, il décrypte sans filtre les clés de leur parcours, sans oublier l’impact monumental d’un certain Marc Marquez.
Deux années sous les ordres de Guidotti chez Pramac ont suffi pour révéler un Bagnaia méticuleux et méthodique. Son transfert en équipe officielle Ducati en 2021 a confirmé ce que Guidotti pressentait : un pilote taillé pour dominer.
« Pecco a toujours été légèrement supérieur, avec un potentiel immense et une approche méthodique de son métier », analyse Guidotti. Une vision renforcée par le contraste avec Jack Miller :
« Jack vient de l’autre côté du monde et a une façon de faire complètement différente. Il a accompli des miracles pour rester compétitif dans notre catégorie. Pecco, en revanche, vient d’un milieu bien défini, tant culturellement que personnellement. J’ai toujours pensé : si ce gars commence à gagner, il ne va pas s’arrêter. Et il ne s’est pas arrêté. »
Mais aujourd’hui, Bagnaia ne lutte plus seulement contre le chronomètre : il doit composer avec l’ombre écrasante de Marc Marquez…
Guidotti ne tourne pas autour du pot :
« Marc est un atout énorme pour Ducati. Il possède un style de pilotage unique qui lui permet de s’ajuster mieux que tout autre pilote. Pour Ducati, avoir Marquez a été une énorme bénédiction. »
Une bénédiction pour l’usine, mais un casse-tête pour Bagnaia : « la présence de Marc complique un peu les choses pour Pecco. »
Le champion italien se retrouve face à un adversaire qui joue sur la même machine, mais avec un talent d’adaptation quasi inhumain. Il doit prouver qu’il peut tenir tête à l’octuple champion du monde… une guerre psychologique autant que mécanique.
Francesco Guidotti : « je pense qu’il a manqué un peu d’humilité à Pedro Acosta »
Puis vient le cas Pedro Acosta, joyau brut du MotoGP. Guidotti, admiratif mais lucide, ne cache pas ses doutes sur motorcyclesports:
« Il a eu une première année solide en MotoGP, mais je pense qu’il lui a manqué un peu d’humilité. Il a commis quelques erreurs, et bien qu’il ait obtenu des podiums, il aurait facilement pu décrocher une deuxième place dans des courses où il était en tête. Ces résultats auraient renforcé sa confiance. »
À cela s’ajoute un contexte défavorable : « cet hiver, KTM ne semblait pas capable de travailler aussi efficacement que les autres, et cela leur a coûté. » Mais malgré tout, Guidotti reste catégorique : « je parierais toujours sur ce gamin. »
En filigrane, le constat de Guidotti est clair : Bagnaia est une machine de régularité, mais il doit prouver qu’il peut dominer même face à Marquez. Le même Marquez a bouleversé l’équilibre de Ducati, offrant au MotoGP une rivalité de titans. Pedro Acosta, malgré ses erreurs de jeunesse, reste une pépite qui pourrait marquer son époque.
Sous l’œil de Guidotti, ces trajectoires ne sont pas seulement des histoires de vitesse : elles sont la trame de futures légendes.
