La montée en puissance de Honda en MotoGP avait redonné espoir à ses fans. Mais depuis quelques courses, la machine s’est enrayée. Tandis que presque tous les constructeurs ont brillé ces dernières semaines — Ducati bien sûr, mais aussi Yamaha grâce à Quartararo, Aprilia avec Bezzecchi ou encore KTM Tech3 avec Viñales — Honda est retombé dans l’ombre.
Pourtant, le printemps avait été porteur de belles promesses. Au Mans, Johann Zarco offrait à Honda une victoire historique sous la pluie, la première depuis celle d’Alex Rins à Austin en 2023. Le Français avait confirmé son regain de forme à Silverstone, décrochant la deuxième place. Mais depuis, plus rien. Le meilleur résultat de Honda ces trois dernières courses ? Une 7e place de Joan Mir à Aragon.
Chez Honda, on assure qu’il n’y a pas de catastrophe isolée, mais plutôt une somme de petits retards et d’écueils techniques. Joan Mir le dit clairement : « les autres constructeurs ont tous progressé depuis Aragon, mais pas nous. C’est là que la différence se fait. »
Aleix Espargaró, désormais pilote d’essai pour Honda, abonde dans ce sens : « nous pensions avoir développé la moto davantage à ce stade. »
Sur un plateau aussi serré qu’en MotoGP, deux dixièmes de retard suffisent à perdre cinq places sur la grille. Et certains circuits récents, comme Assen ou le Mugello, n’ont pas aidé. La RC213V adore les virages serrés et les gros freinages, mais perd énormément de terrain dans les courbes rapides, qui sont justement la spécialité d’Assen ou du Mugello.
Johann Zarco : le meilleur atout… mais aussi un symbole de la crise
Joan Mir résume : « les circuits où il faut moins freiner révèlent nos faiblesses. Sans nouvelles pièces, on ne pourra pas espérer mieux sur ces tracés. »
C’est Johann Zarco qui reste le meilleur pilote Honda au classement. Le Français avait lancé la dynamique positive, entrant de plus en plus souvent en Q2 et offrant la victoire du Mans. Mais depuis Silverstone, il traverse un passage à vide : six courses sans gros résultats, trois chutes.
Même Zarco doute parfois : « après le sprint à Assen, on ne savait pas si on avait atteint les limites de la moto sur cette piste ou si on avait simplement pris de mauvaises directions dans les réglages. »
Côté technique, Honda n’est pas à court d’idées… mais peine à trouver le puzzle parfait. Deux points cruciaux ressortent : le moteur V4 manque encore de puissance. Aleix Espargaró est franc : « on l’a amélioré, mais pas assez. Sur les circuits rapides, nos pilotes perdent trop de temps rien qu’en ligne droite. »
L’aérodynamique et la transmission restent imparfaites. Zarco explique : « quand je roule derrière d’autres motos, j’ai l’impression d’être sur la moto de l’année dernière. Je dois me battre énormément juste pour rester dans la roue des autres, et je ne peux pas les dépasser. »
Malgré tout, Honda ne baisse pas les bras. Sous l’impulsion de Romano Albesiano, transfuge d’Aprilia, la marque multiplie les changements : nouveau cadre, nouveau package aérodynamique, nouvelles pièces à tester. Aleix Espargaró le confirme : « depuis que je suis arrivé, tout ce que j’ai proposé a été essayé. La moto actuelle n’a plus grand-chose à voir avec celle du début de saison. »
Honda dispose en plus de deux équipes d’essais et de trois pilotes d’essai (Nakagami, Bradl et Espargaró) pour expérimenter plusieurs pistes en parallèle.
Tout le paddock Honda attend désormais la pause estivale comme un moment charnière. Après le Grand Prix de Brno en juillet, les équipes auront jusqu’au 15 août pour tenter de corriger le tir. Les espoirs reposent sur l’arrivée de nouvelles pièces capables de redonner à la RC213V la compétitivité nécessaire pour se battre à nouveau aux avant-postes.
Honda reste un géant du MotoGP. Mais pour remonter durablement sur le podium, il faudra transformer l’accumulation de petites solutions en une véritable révolution technique.