Le Grand Prix de Grande-Bretagne a une fois de plus mis en lumière le fossé abyssal entre les deux pilotes Honda. Johann Zarco, héros du RC213V, signe un deuxième podium en trois courses, tandis que Joan Mir peine à survivre dans le top 10, écrasé par des problèmes techniques récurrents.
À Silverstone, Honda a connu un week-end à deux vitesses. Tandis que Johann Zarco hissait la RC213V satellite du team LCR sur le podium, Joan Mir, lui, devait une fois de plus se contenter des miettes. Dixième à l’arrivée, le champion du monde 2020 n’a pas caché sa frustration : « le pneu a dit ‘assez’ à cinq tours de l’arrivée », a-t-il lancé, lucide sur les limites actuelles de son package.
Mir avait pourtant bien entamé son Grand Prix. « J’ai bien démarré et j’avais un bon rythme. J’ai bien contrôlé l’accélérateur, j’avais le groupe parfait devant, je me suis dit que ça ne pouvait pas mal tourner pour moi… Et ils ont arrêté la course », a-t-il regretté.
Le drapeau rouge, provoqué par une fuite d’huile sur la piste à la suite de la casse moteur de Franco Morbidelli, a tout bouleversé. « J’ai dû remettre les mêmes pneus », a expliqué Mir. « Ma moto ne fonctionnait pas bien avec les pneus tendres. Et on a eu cette dégradation avec les pneus médiums ; avec les pneus tendres, c’était impossible. »
Le problème était multiple : pression du pneu avant, difficulté au freinage, perte d’adhérence, hausse de température à l’arrière… « La moto était inutilisable », tranche-t-il. En résumé : un équilibre global rompu, et un Mir obligé de subir au lieu d’attaquer.
Joan Mir : « Zarco et LCR font du bon travail et ont tout sous contrôle. Pour une raison quelconque, nous ne l’avons toujours pas »
Dans le même temps, Zarco offrait à Honda son meilleur résultat en Grand Prix depuis des mois, confirmant sa montée en puissance. Deuxième, après avoir déjà triomphé au Mans, le Français devient l’étendard de la résurrection de Honda. Mir salue sa performance sans détour : « ils font du bon travail et ont tout sous contrôle. Pour une raison quelconque, nous ne l’avons toujours pas. »
Pourtant, Joan Mir reste convaincu que le potentiel est là : « en termes de rythme, nous avons démontré à chaque séance que nous pouvions maintenir un rythme similaire. Mais en course, il nous arrive toujours d’échapper à quelque chose. Il faut le faire savoir pour que cela ne se reproduise plus. » Le problème, selon lui ? « La gestion de la course, les réglages, car nous avons une certaine dégradation des pneus et lui non. »
Le contexte de course n’a pas aidé : « Zarco est resté seul et s’est défendu face aux motos qui le suivaient, en gérant le pneu. Au lieu de ça, je me défendais face à toutes les motos plus rapides que la nôtre dans la ligne droite, et ça se paye avec le pneu. »
Le contraste MotoGP entre les deux hommes est saisissant. Si Johann Zarco incarne la lumière, Joan Mir continue de chercher l’interrupteur.