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Avec sa grande expérience de la compétition, Jacky a découvert comme nous tous ce tout nouveau GP sur le circuit de Buriram. Une autre ambiance, une atmosphère différente, mais beaucoup de passion.

Quel est ton bilan d’ensemble de ce tout premier Grand Prix de Thaïlande ? Etait-ce un succès ?

« Ça a été un très grand succès populaire, et on annonçait déjà avant la course énormément de monde. Tous les participants ont été ravis de cette ambiance, de la gentillesse des organisateurs et de tous les gens qu’ils ont pu rencontrer. Visiblement, à part la chaleur intense que l’on connait et qui est terriblement difficile à supporter à cause de l’humidité, tout le monde a semblé ravi de ce premier Grand Prix. Chacun est prêt à y retourner lors des prochaines années. »

Que penses-tu des progrès récents des Yamaha de Valentino Rossi, Johann Zarco et Maverick Vinales qui sont impressionnants, comme l’a prouvé la 2e place de Rossi sur la grille de départ devant Dovizioso ? Puis Vinales troisième du GP, avec Rossi quatrième et Zarco cinquième ?

« C’est difficile à dire. J’en ai parlé avec Maio Meregalli (ndlr : team manager de l’équipe Movistar Yamaha) qui était bien sûr très heureux de ce résultat qui leur a donné une peu d’oxygène, depuis le temps qu’on l’attend.

« La question que l’on se pose est bien sûr « pourquoi ? ». Que se passe-t-il chez Yamaha ? Elles se sont montrées vraiment très compétitives puisque le podium était à la portée de leurs deux machines. Zarco a fait une très belle course. Enfin il a fait une place qui correspond à ses possibilités.

« Maintenant tout le monde attend les Grands Prix suivants qui permettront de juger si oui ou non il y a du progrès. Pour le moment, on ne comprend pas ce qui se passe avec ces Yamaha, complètement différentes d’un circuit à l’autre. Je suis ravi de ce qui vient de se passer, mais il y a maintenant un gros point d’interrogation au-dessus de la tête. On attend avec impatience la prochaine course. »

Que penses-tu du retour en forme de Johann  Zarco ?

« J’en suis ravi. Samedi dernier, j’étais convaincu que le lendemain il allait faire un bon résultat, et j’ai gagné mon pari ! J’en suis heureux car c’est mérité pour Johann, c’est clair. Il a eu une période difficile en raison de soucis personnels qui n’ont fait qu’augmenter sa difficulté. Pourvu qu’il termine la saison sur le même rythme et qu’il nous fasse encore un podium ou deux avant la fin de l’année. Ce qui est complètement possible. »

Le forfait de Jorge Lorenzo a-t-il nuit à l’équipe Ducati ?

« Ils ont perdu un pilote de premier ordre pour ce Grand Prix-là. On peut supposer qu’il se serait lui aussi mêlé à la lutte en tête. On aurait pu retrouver une bagarre pour la première place avec cinq motos.

« Un pilote en moins, c’est toujours du temps de perdu pour son équipe, ce sont toujours des informations en moins qui peuvent arriver. C’était regrettable pour lui et pour Ducati. Il est évident qu’il y a là énormément de points qui sont partis. Maintenant il ne faut pas se leurrer, Marquez va être rapidement titré, et Lorenzo n’aurait pu que se rapprocher un peu s’il avait été en mesure de gagner. On a vu à quel point Marquez a été malin dans sa façon d’agir dans le dernier virage en doublant Dovizioso »

Marc Marquez et Jorge Lorenzo dans la même équipe chez Honda l’an prochain ne risquent-ils pas d’être difficiles à gérer ?

« Alberto Puig (ndlr : team manager de l’équipe Repsol Honda) est quelqu’un de très fort. Il sera amené probablement à régler de temps en temps des conflits, car il peut y en avoir. L’un comme l’autre font évidemment partie des plus forts, donc Puig va avoir dans son écurie un deuxième pilote particulièrement performant. Comme disait Roberto Gallina (ndlr : ex pilote et team manager) à l’époque « deux coqs dans un poulailler, c’est toujours dangereux » mais on sait que c’est comme ça dans la plupart des équipes. A ce sujet, ça m’a toujours bien amusé quand Roberto Gallina disait ça, parce que « Gallina » veut dire « poule » en français. C’était donc un spécialiste dans le domaine des poulaillers !

« Ceci dit, oui, ça va être difficile à gérer. Soit ils vont être tout le temps tous les deux sur le podium – et je ne sais pas encore dans quel ordre – ou bien ils vont peut-être se gêner quelques fois. L’avenir nous l’apprendra. Deux pilotes parmi les plus forts ensemble, ça va être dangereux. »

Suzuki perd ses concessions pour 2019. Cela va-t-il limiter les possibilités de la marque ?

« Je pense qu’ils ont vraiment bien travaillé et beaucoup progressé. Ils montent maintenant d’un cran tout en perdant ces concessions-là, mais ils vont encore beaucoup travailler cet hiver. Non, sincèrement je ne suis pas inquiet. Je ne le suis pas parce qu’ils ne sont pas encore au top niveau, mais ils en sont vraiment très proches.

« Ils auront un nouveau pilote l’année prochaine (ndlr : Joan Mir) qui sera peut-être trop jeune, qui va complètement manquer d’expérience dans la catégorie MotoGP, car déjà en Moto2 il n’est pas toujours devant (ndlr : 6e du Championnat actuellement avec 124 points, contre 259 à Francesco Bagnaia). On verra ce que ça va donner. Il peut surprendre lui aussi. C’est vrai qu’on aurait peut-être souhaité un pilote très expérimenté aux côtés de Rins, même si celui-ci devrait être suffisamment fort l’année prochaine pour être également en bagarre devant.

« Je leur souhaite du succès car c’est une équipe éminemment sympathique qui a beaucoup travaillé. Je pense que ce qu’ils font est très bien. »

Photos et vidéos © Christian Bourget (Sport Images), Michelin et motogp.com / Dorna