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La bataille des maîtres a eu lieu en Malaisie entre Valentino Rossi et Marc Marquez. « Dommage que la course n’ait pas fait que 16 tours » se lamentaient les supporters de Vale, en manque de victoire depuis ce fameux 25 juin 2017 quand l’icône de Tavullia monta pour la dernière fois sur la plus haute marche du podium à Assen.

Jacky, on a vécu un fantastique retour au sommet de Valentino à Sepang, jusqu’à sa chute avec 0.6 d’avance à 4 tours de la fin*. Comment expliques-tu cet exploit de Rossi ?

*« Ma meilleure course de la saison. C’est peut-être le pire moment… Je suis dévasté. Nous avons vécu le rêve pendant 15 tours. » (Valentino)

« Visiblement les Yamaha ont progressé. Le circuit a-t-il aidé ? Valentino a une détermination sans faille et il est exceptionnel, mais il faut quand même que la moto ait réagi favorablement pour lui avoir permis d’avoir fait autant de tours en tête.

« Je suppose et je présume qu’ils ont quand même progressé, même si Zarco était là également avec sa Yamaha. Est-ce un circuit sur lequel les Yamaha sont plus à l’aise ? J’avoue que j’ai un peu de mal moi aussi à l’expliquer puisqu’on sait qu’il n’y a pas eu plus d’amélioration sur la Yamaha de Zarco que ce qui avait été prévu, c’est-à-dire rien.

« Est-ce une surmotivation supplémentaire de Rossi et de Zarco ? Les motos fonctionnaient bien. J’ai été surpris de voir avec quelle facilité elles pouvaient réaccélérer en sortie de courbes. Ces motos étaient très bien en sortie de virages. Une moto peut être mieux à certains points d’un circuit par rapport à d’autres circuits, avec des pilotes complètement remontés.

« Vinales est revenu très fort, mais malheureusement au vu des essais on aurait pu imaginer beaucoup mieux. Mais Rossi était invraisemblablement déterminé, tout autant que Johann Zarco. C’était un Rossi des grands jours qui voulait absolument gagner lui aussi après que son coéquipier ait pu le faire lors du Grand Prix précédent. »

A l’occasion de ses 106 départs en MotoGP, Marc Marquez ne s’est élancé qu’à 2 reprises au-delà de la 2e ligne : en Italie en 2015 (13e sur la grille, chute en course), et en Malaisie en 2017 (7e sur la grille, puis 4e à l’arrivée). Cela reste-t-il un palmarès exceptionnel en matière de qualification ?

« Oui, sans aucun doute. C’est le pilote exceptionnel du moment. C’est l’ère Marquez, comme on a connu l’ère Rossi, l’ère Doohan, l’ère Roberts et j’en oublie. Ce sont des moments où certains pilotes sont au-dessus des autres. Et c’est dommage pour les autres car il y a alors quelqu’un d’exceptionnel. »

Marc Marquez est le pilote qui joue le plus avec la limite (Il a dit avoir évité la chute dix fois avec le coude ce week-end, estimant que « ce n’est pas normal, même pour moi »), sans pourtant se blesser beaucoup. Comment l’expliques-tu ?

« Parce qu’il est en caoutchouc, ce type-là, c’est pas possible ! C’est invraisemblable. Son coéquipier Dani Pedrosa a chuté un certain nombre de fois, mais malheureusement il s’est fait mal presque à chaque fois.

« Marquez, et c’est tant mieux pour lui, se relève toujours. C’est exceptionnel. Par contre pour ses récupérations, il doit s’entraîner à ce jeu-là en tout-terrain.

« Quand j’ai vu Valentino partir à la chute, Marc était juste derrière lui et j’ai pensé que dans sa petite tête, il s’est peut-être dit « moi je l’aurais récupéré celle-là ». On a quand même vu Rossi essayer de récupérer avec le coude, mais il n’a pas la maîtrise de Marquez. Je me demande si Marquez ne l’aurait pas récupéré ? Il est en caoutchouc, il ne se blesse pas, tant mieux pour lui. Il a cette qualité exceptionnelle de tomber très vite et de ne rien se faire. »

Vidéo : 4 sauvetages en une seule séance vendredi pour Marc Marquez

Comment as-tu vécu le retour en forme de Johan Zarco, qui remonte pour la première fois sur le podium cette année après l’Argentine, Jerez et Phillip Island ?

« Lors d’une précédente interview, je t’avais dit qu’il allait revenir sur le podium. Je ne suis pas devin, je sais simplement pertinemment qu’il a toutes les capacités pour le faire, même s’il s’est plaint à plusieurs reprises de sa moto. Je crois qu’il a retrouvé le mental qui était le sien en début d’année. Il a traversé une période difficile à la mi-saison, pour diverses raisons, donc je ne suis pas du tout surpris.

« Je suis très content parce qu’on sait qu’il peut être là. Les circonstances lui ont permis cette fois-ci, et on sait que c’est un guerrier. S’il peut faire une saison complète sans « trou d’air » au milieu, il peut être impressionnant. C’est sa place, même si la concurrence est de plus en plus difficile. »

En tenant compte du forfait de Jorge Lorenzo, les Ducati n’ont pas été éblouissantes à Sepang (Dovizioso* le mieux classé des pilotes Ducati en 6e position). Pour quelles raisons ?

« Ah, alors là ! Je ne suis pas certain qu’ils le sachent eux-mêmes. On s’attendait à ce que sur un circuit avec d’aussi grandes lignes droites les Ducati fassent partie des épouvantails. Alors était-ce un problème d’hommes comme ça peut parfois arriver car on sait que c’est un sport extrêmement mental. Pour Dovizioso, c’est difficile à dire. Alvaro Bautista encore une fois a fait une très belle course, bien qu’il n’ait plus la moto officielle (ndlr : ex-Lorenzo) et à la limite ça a été presque lui le meilleur des Ducatistes. »

*(Ndlr : Dovizioso le jeudi : « J’espère une course sur le sec parce que nous avons toujours bien fonctionné lors des tests et des essais dans ces conditions ». Dovizioso le dimanche soir : « Tout le monde oublie que nous avons remporté nos deux victoires ici sur le mouillé ».)

Le public à Sepang est très enthousiaste. Plus en Asie qu’en Europe ou en Amérique ? Est-ce important pour l’avenir des Grands Prix ?

« On avait dit en F1 il y a quelques années que la vieille Europe c’était terminé, et que maintenant les Grands Prix automobiles allaient se tourner vers d’autres pays, notamment en Asie. On va avoir exactement la même chose en moto. Il y a un public enthousiaste en Asie, mais en Europe aussi. On a en France un public exceptionnellement enthousiaste, et en Espagne comme en Italie également. Il y a pour les Asiatiques l’attrait de la nouveauté. Ils rêvent des Grands Prix depuis longtemps. Ce sont des gens souriants, même si la vie n’est pas facile pour certains là-bas. Pour eux la MotoGP est un grand spectacle, un immense cadeau, et je crois qu’ils sont effectivement très demandeurs. La Thaïlande vient d’arriver cette année et l’Indonésie va suivre, ça me parait évident. »

Vidéo : Le tour idéal à Sepang sur le mouillé lors des essais (3 partiels pour Marquez et le 4e pour Iannone) :

Photos et vidéos © Christian Bourget (Sport Images) / Michelin / et motogp.com / Dorna

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