Jack Miller n’a peut-être terminé que 20è des essais de Valence, mais l’Australien repart avec une conviction claire : la nouvelle Yamaha V4 a du potentiel, même si le chemin pour en faire une arme MotoGP est encore long. Et ses déclarations, mélange de réalisme, d’optimisme et d’analyse technique affûtée, donnent le ton.
Ces essais, avant tout dédiés au développement, n’avaient pas vocation à produire des chronos. Pourtant, Fabio Quartararo s’est retrouvé à seulement 0,5 seconde du meilleur temps, tandis que Toprak, Rins et Miller bouclaient la session avec des pneus plus durs et des programmes différents.
Satisfait sans être euphorique, Miller résume ainsi sa journée : « c’était une première journée correcte avec la V4. Bien sûr, il reste du travail. Mais on est sur la bonne voie ! »
Il ne manque pas de saluer la performance de Quartararo :
« Fabio a déjà réalisé un très bon chrono avec la machine. On n’était pas loin, mais il y a encore des points à améliorer. Cela concerne principalement mes sensations sur la moto et les réglages. »
L’objectif, selon lui, n’était pas de briller mais de comprendre :
« C’est un projet très récent. Mardi, l’objectif principal était de tout comprendre et d’adapter la moto à nos besoins. »
Plusieurs pilotes Yamaha — Augusto Fernandez en tête — ont pointé un déficit de feeling à l’avant, une caractéristique étonnante quand on connaît le point fort historique de la M1.
Miller comprend cette frustration :
« Venant de la M1, qui offre un excellent ressenti de la roue avant, on a naturellement l’impression d’avoir régressé. (…) Il manque de sensations à l’avant. Il est évident qu’il faut y remédier. Mais nous y travaillons. »
Un discours lucide, qui confirme que la transition vers une architecture V4 ne se fera pas sans contreparties.
Avec trois constructeurs différents à son CV (Honda, Ducati, KTM), Miller est sans doute le pilote le mieux placé pour comparer.
Et son verdict est fascinant : « cette moto porte l’ADN de Yamaha. La sonorité rappelle celle des Honda et KTM. De plus, j’ai une sensation similaire concernant la masse du volant moteur avec la Ducati. Mais la courbe de couple est différente. »
En une phrase, il résume ce que beaucoup attendaient : Yamaha entre dans le monde des V4, mais sans renier son identité.

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— MotoGP™🏁 (@MotoGP) November 18, 2025
Jack Miller : « l’électronique a encore besoin de beaucoup de travail. Nous devons toujours faire face aux mêmes problèmes »
Miller met ensuite le doigt sur un problème connu :
« L’électronique a encore besoin de beaucoup de travail. Nous devons toujours faire face aux mêmes problèmes que l’année dernière lorsque j’ai découvert la M1, notamment l’accélération et la progression. »
Mais il nuance : « en ce qui concerne le contrôle de traction, nous ne sommes pas en mauvaise posture. ». Le véritable blocage ? Une moto jugée environ 12 kg trop lourde, un handicap majeur en MotoGP moderne.
Quand on lui demande d’évaluer la décision historique de Yamaha d’abandonner son quatre-cylindres en ligne, Miller prend un ton presque professoral.
« C’est une autre étape dans le parcours ; s’il y avait un ticket en or, tous les fabricants l’achèteraient. » Il prévient : les attentes doivent être mesurées.
Et pourtant, l’Australien voit dans ce changement une opportunité de briser le plafond de verre atteint par la M1 :
« Nous avons l’impression d’avoir atteint un plafond avec la moto que nous avions, et croyez-moi, nous avons tout essayé. »
Le V4 n’est pas une garantie, mais il offre une marge de progression :
« Si nous pouvons faire le prochain pas et terminer au même niveau que la moto avec laquelle nous avons fini la saison, nous aurons l’impression que le plafond sera beaucoup plus élevé. »
Avec quatre Yamaha V4 simultanément en piste à Valence, des données inédites affluent. Le paddock MotoGP l’a compris : le passage de Yamaha au V4 est l’intrigue centrale de 2026.
Et Jack Miller, avec sa science du pilotage et son expérience multisource, sera l’un des interprètes clés de cette transition.
Pour l’instant ? Le verdict est clair : prometteur, perfectible, passionnant. Attachez les casques : la révolution Yamaha ne fait que commencer.

MotoGP, Test Valence : chronos





























