Le Grand Prix de France 2025 de MotoGP restera sans doute comme l’un des plus grands moments de l’histoire du sport moto tricolore. Devant une foule record et dans une ambiance électrique, Johann Zarco a réalisé l’exploit que toute une nation attendait depuis plus de sept décennies : remporter son Grand Prix à domicile. Il est ainsi devenu le premier Français à s’imposer chez lui depuis Pierre Monneret en 1954. Ce succès, arraché au terme d’une course haletante et pleine de rebondissements, a fait vibrer le public, mais aussi et surtout la famille Zarco, présente pour la première fois au complet sur le circuit pour vivre cet instant.
Rien ne laissait présager un tel scénario dimanche dernier au Mans. Après des courses de Moto2 et de Moto3 déjà passionnantes, la pluie s’invitait à l’heure où les 22 pilotes de MotoGP s’apprêtaient à disputer une course sur le sec. Les gouttes ont donc rebattu les cartes, qui obligeant les pilotes à faire des choix cruciaux sur la grille : pneus slicks ou pneus pluie ?
Johann Zarco, lui, opte pour les pneus pluie, un pari risqué alors que la piste reste encore partiellement sèche. Dès le départ, la course s’annonce chaotique : un accrochage au virage 3 avec Joan Mir oblige Zarco à tirer tout droit, le reléguant à la 17e. Pendant ce temps, d’autres pilotes comme Fabio Quartararo, Pecco Bagnaia et Brad Binder, partent à la faute dans les premiers tours, la pluie redoublant d’intensité et piégeant de nombreux pilotes.
Mais Johann Zarco ne baisse pas les bras. Profitant de la dégradation des conditions, il se retrouve en meilleure posture que ses rivaux. Au huitième tour, lorsque ses concurrents doivent se rendre à l’évidence que les pneus pluies sont plus efficaces, Johann Zarco profite des arrêts au stand pour prendre la tête de la course. Il ne la quittera plus. Sa gestion des conditions changeantes et son rythme supérieur lui permettent de creuser un écart impressionnant : il franchit la ligne d’arrivée avec près de 20 secondes d’avance sur Marc Márquez.
Privé d’hymne national lors de sa première victoire en MotoGP, lors du GP d’Australie 2023, la Marseillaise résonne enfin pour Johann Zarco sur la plus haute marche du podium. Après la conférence de presse, alors que l’effervescence retombait peu à peu dans les autres stands de la grille, le box LCR Honda, débutait seulement ses célébrations. La star du jour a ainsi arrosé la foule de Prosseco, avant de se rendre une dernière fois devant le public du Mans pour célébrer devant les quelque 100 000 personnes massées dans les tribunes du circuit Bugatti ce jour-là.
Johann Zarco crée l’émotion : « Mon fils va devenir une légende »
Avant que les festivités ne se poursuivent en petit comité, nous avons pu obtenir quelques mots des parents de Johann Zarco. Leur présence, rare sur les circuits, rendait cette victoire d’autant plus exceptionnelle. C’est dans cette atmosphère chargée de souvenirs et de sourires que le papa, Yvon, nous partageait sa fierté.
« La dernière fois que ça a été gagné ici par un Français, c’était un 1954. Ça fait 70 ans, moi j’en ai 75. Avec mon épouse, c’est le plus beau jour de notre vie, confie-t-il. Notre petit dernier qui réjouit toute la France, il n’y a pas plus top ! »
Et si vous pensez que les moments magiques qu’il a vécu lui donnent envie de revenir, détrompez-vous ! Avouant avoir hésité jusqu’au dernier moment avant de faire le déplacement, Monsieur Zarco semble avoir fait le plein d’émotions pour toute une vie.
« Non ! J’avais refusé [de venir], j’ai dit à ma femme vas-y avec ta soeur, vous allez vous marrer, avoue encore ce dernier. C’est au dernier moment, je ne sais pas, j’ai dit : ‘Je viens !’. Maintenant, on ne va pas faire la fête plus que ça, parce qu’on est une famille qui fait la fête tout le temps ! Si on fait plus, on termine à l’hôpital… »
Sa maman, Françoise, qui venait quant à elle assister à une course de son fils pour la toute première fois en 17 ans de carrière, avait bien choisi son week-end. « Il voulait que je ressente un peu tout ce qu’il se passe, parce que je le regarde un peu à la télévision. Pas quand il roule, je regarde après, j’écoute. J’ai du mal à le regarder. Cette fois, je l’ai regardé jusqu’au bout. Je voulais qu’il tienne, qu’il reste sur la moto. Il a fait un truc exceptionnel, il a failli partir dans les graviers, il est revenu, s’est retrouvé devant puis est parti loin devant. C’était hallucinant. »
Alors que le calme revenait peu à peu dans le box LCR Honda, l’entourage du Français commençait à réaliser l’ampleur de ce succès. L’occasion pour la maman de Johann. Zarco de conclure avec des mots forts : « Il va devenir une légende mon fils, c’est pas beau ça ? »