En 2025, six ans après avoir raccroché le cuir, Jorge Lorenzo continue d’observer le MotoGP avec un œil aiguisé. Le quintuple champion du monde, vainqueur avec Yamaha, Ducati et Honda, s’est confié au journal AS pour revenir sur son époque dorée et, surtout, sur le phénomène Marc Marquez, déjà sacré pour la neuvième fois champion du monde.
Avant toute chose, Jorge Lorenzo le rappelle fièrement : il est le seul pilote à avoir vaincu Marquez entre 2013 et 2020. Et pas qu’une fois :
« Je suis le seul à avoir réussi à battre les quatre membres des “Quatre Fantastiques” la même année. Avec Stoner, Valentino, Pedrosa et Marquez, nous formions le club des cinq. Certaines années, j’ai réussi à les battre tous, et j’en suis très fier. »
Pour le Majorquin, ces victoires avaient un goût particulier : « la première fois a été la plus difficile, car c’est celle où les doutes et les peurs t’envahissent. Mais après, tout devient plus fluide. Oui, j’ai réussi à battre Marc. »
S’il y a bien un pilote qui ne minimise pas la domination du n°93, c’est Lorenzo :
« Actuellement, aucun pilote n’est à son niveau ; les résultats le démontrent. Bagnaia et Di Giannantonio ont la même moto, et pourtant ils ne peuvent même pas espérer atteindre ses performances. »
Et l’ancien champion enfonce le clou : « entre 2024 et 2025, il n’y a pas eu tant de différence technique, mais Marc est non seulement un cran au-dessus, selon moi deux crans au-dessus de tous les autres. »
Lorenzo se souvient de ses premières années face au prodige catalan :
« Dès le départ, c’était extrêmement difficile. Dani Pedrosa et moi avions un peu plus d’expérience, mais nous avons eu des blessures. Lui, il a été régulier et il a gagné dès sa première saison. »
Et il ajoute, admiratif : « remporter sa première course dès la deuxième manche, à Austin, c’est incroyable ! Monter sur le podium dès la première… seuls les phénomènes font ça. Acosta, Stoner, Valentino… Marc fait partie de cette catégorie-là. »
Jorge Lorenzo : « c’est dur de voir son coéquipier une seconde plus rapide »
Mais Lorenzo sait aussi ce que cela fait d’avoir Marquez dans le même box. Leur passage commun chez Honda en 2019 reste un souvenir amer :
« Ce qui est vraiment dur, c’est d’enlever son casque, de regarder les chronos et de voir que ton coéquipier est une demi-seconde, voire une seconde, plus rapide. »
Il compare cette situation à celle que vit aujourd’hui Bagnaia :
« Bagnaia ne s’attendait pas à un tel écart. Il pensait être plus ou moins au même niveau, mais Marquez est toujours supérieur. Ça te démoralise, ça grignote ta confiance, et ça finit par influencer ton pilotage. »
Lorenzo, qui a lui-même remporté des titres avec deux marques différentes, sait ce que cela représente :
« Remporter un nouveau championnat avec Ducati serait un tournant. Cela le placerait sans aucun doute parmi les trois meilleurs de l’histoire, si ce n’est le meilleur. »
Et il pousse même plus loin le raisonnement : « en termes de talent et de vitesse, pour moi, Marc Marquez est le pilote le plus fort et le plus rapide de l’histoire. S’il gagne avec un troisième constructeur, il n’y aurait plus aucun débat. Ceux qui doutent encore qu’il soit le meilleur n’auraient plus d’arguments. »
Jorge Lorenzo, rival, coéquipier et témoin privilégié, n’a plus aucun doute. Marquez a dominé son époque, et domine encore la suivante.
Deux crans au-dessus, selon son plus grand adversaire — une phrase qui résonne comme un hommage, mais aussi comme un constat implacable : en 2025, Marc Marquez n’est pas seulement un champion. Il est devenu la référence absolue en MotoGP.
