Après une saison 2025 qui a tourné au casse-tête pour Ducati, la voix d’une légende du MotoGP vient ajouter un éclairage brutal mais lucide : Kevin Schwantz, champion du monde 1993, estime que Pecco Bagnaia devra repartir de zéro en 2026, en s’affranchissant totalement des données et des références de Marc Marquez.
Une analyse tranchante qui résonne d’autant plus fort que Bagnaia sort d’une année marquée par l’instabilité, l’imprévisibilité et une perte de confiance rarement vue chez un double champion du monde MotoGP.
À l’aube de 2025, tout indiquait que Pecco Bagnaia serait le principal adversaire de Marc Marquez dans la quête du titre. Ducati lui avait donné la GP25, évolution attendue et théoriquement taillée pour maximiser ses qualités.
Pourtant, tout a basculé dès les premiers tours de roue. Seules deux victoires, une irrégularité chronique, 257 points de retard sur Marquez, une 5e place finale loin de son statut.
Le problème ? L’avant de la GP25, devenu pour lui un labyrinthe technique. Certains week-ends, Bagnaia retrouvait du feeling. Le suivant, il chutait dans un gouffre sans explication. L’usine Ducati elle-même s’avouait impuissante à cerner l’origine profonde du mal.
La théorie que personne n’osait dire à voix haute : Marquez l’a-t-il perturbé mentalement ?
Depuis son arrivée dans le box Ducati, Marc Marquez a déplacé le centre de gravité psychologique de l’équipe.
Beaucoup ont suggéré que Bagnaia, pour la première fois de sa carrière, aurait été affecté par un coéquipier plus fort, plus brillant et plus incisif que lui. Pecco et Ducati ont toujours rejeté cette idée.
Mais Kevin Schwantz, lui, ne contourne pas le sujet. Interrogé par La Gazzetta dello Sport, Schwantz décrit les causes des difficultés de Bagnaia comme multiples – mais réelles.
« Je pense que c’est une combinaison de tout cela. La compétition est tellement serrée qu’entre être en tête et être en queue de peloton, il ne se joue souvent qu’à une seconde. »

Kevin Schwantz : « le chemin sera long pour Pecco Bagnaia avant d’obtenir des résultats, mais à ce niveau, c’est la seule solution »
Dans un MotoGP où tout se joue sur des détails invisibles, la moindre baisse de concentration pèse lourd.
« Si vous vous laissez griser par le succès, par exemple en voyant votre coéquipier toujours dans les trois ou cinq premiers, il est facile de se laisser distraire et de ne plus se concentrer sur ce dont vous avez besoin et ce que vous attendez de la moto. »
Schwantz n’accuse pas Bagnaia de faiblesse. Au contraire, il rappelle à quel point Pecco est capable d’être monstrueux, comme à Motegi :
« Nous savons à quel point Pecco peut être fort… le plus rapide en qualifications, vainqueur du Sprint puis de la course longue. Nous savons qu’il en est capable. Peut-être que, ce jour-là, Marquez ne jouait que pour le championnat… mais Pecco doit se recentrer sur ce qu’il veut et ce dont il a besoin. »
Pour Schwantz, le diagnostic est limpide : Bagnaia ne pourra plus se cacher derrière les comparaisons internes. 2026 devra être l’année où Bagnaia devra s’isoler, se responsabiliser, se réinventer
« Il ne pourra pas demander : “Qu’est-ce qu’ils utilisent ?” ou “Pourquoi va-t-il plus vite que moi ?”, car ce qui fonctionne pour Marc ne fonctionne pas forcément pour lui. »
Le ton est ferme, presque paternaliste. « Il va donc devoir tout essayer lui-même. Le chemin sera long avant d’obtenir des résultats, mais à ce niveau, c’est la seule solution. »
Une vérité dure à entendre pour un double champion du monde, mais peut-être nécessaire pour un pilote qui devra reconquérir une partie de son identité sportive.
Pecco Bagnaia a terminé les essais de Valence rassuré, parlant d’un “retour de sensations positives” sur la moto.
De son côté, Ducati a confirmé que son lancement officiel pour 2026 se tiendra le 19 janvier en Italie, une date qui marquera l’ouverture d’une saison MotoGP où toutes les cartes pourraient être redistribuées.
Une conclusion presque cruelle, mais juste : Pecco devra redevenir Pecco. Bagnaia ne pourra pas gagner en cherchant à devenir le clone de Marc Marquez.
Il ne pourra pas se reconstruire en s’appuyant sur les données d’un rival qui pense, freine et attaque différemment de lui.
Il devra réapprendre, réinventer, réaffirmer son propre style. Parce que pour retrouver sa couronne, il lui faudra d’abord retrouver son identité.





























