Le lundi 28 avril, Pierer Mobility Group, maison-mère de KTM, a confirmé l’état d’urgence que beaucoup redoutaient. Chiffres à l’appui, le constructeur autrichien traverse l’une des crises les plus sérieuses de son histoire récente. Avec un chiffre d’affaires en chute libre de près de 30 % (1,879 milliard d’euros) et une perte d’exploitation de 1,2 million d’euros, la rentabilité n’est plus qu’un lointain souvenir.
Mais au-delà des bilans comptables, le choc est humain : 1 850 suppressions de postes prévues entre janvier 2024 et mars 2025. L’usine de Mattighofen, cœur battant de la marque, est restée à l’arrêt pendant plus de trois mois, victime de goulets d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement. La reprise partielle, assurée en mars grâce à une injection de 150 millions d’euros du partenaire indien Bajaj, est fragile.
Les perspectives pour 2025 sont alarmantes : -26 % de production attendue, soit 230 000 motos de moins, et une réduction de 40 000 unités dans les stocks. KTM tente de garder le cap avec une promesse ambitieuse : réactiver l’intégralité des lignes d’ici l’été, sous réserve de retrouver une chaîne logistique fonctionnelle.
Une KTM RC16 de légende à vendre aux enchères
Face à la tempête, KTM mise tout sur une opération de sauvetage : une levée de fonds de 600 millions d’euros, censée réduire drastiquement la dette nette et générer 1,3 milliard d’euros de « gains de restructuration » via des ajustements comptables. Mais à ce stade, pour les salariés et les fans de la marque, cela ressemble plus à de la science-fiction qu’à un vrai redressement.
Pour maintenir la flamme, KTM mise aussi sur son héritage sportif. La KTM RC16 de Brad Binder, auteur du record absolu de vitesse MotoGP (366,1 km/h au Mugello en 2023), sera mise aux enchères jusqu’au 29 mai par RM Sotheby’s. Prix de départ : 350 000 € hors taxes. Une moto fonctionnelle, mais réservée à l’exposition, dont le moteur V4 reste scellé pour préserver les secrets technologiques.
De son côté, Stefan Pierer , qui a déjà démissionné fin janvier , risque désormais de perdre le contrôle de son package d’actions en n’ayant pas remboursé à temps un prêt de 65 millions d’euros accordé fin décembre 2024 par Stephan Zöchling, propriétaire du fabricant d’échappement Remus en échange d’un package d’actions mis en gage auprès de Dabepo Holding. Le remboursement était apparemment prévu pour le 19 avril 2025 et n’a jamais eu lieu . La holding a entamé la procédure de saisie des actions et aurait commencé à les proposer aux banques et aux acheteurs potentiels.
Le 30 mai, Pierer Mobility publiera ses résultats annuels. D’ici là, la marque orange avance en apnée. Ce n’est pas encore la fin du rugissement KTM, mais il est sérieusement étouffé. Reste à savoir si les fans devront bientôt s’habituer au silence… ou au miracle.
