Yamaha joue gros. Après avoir longtemps été le dernier constructeur MotoGP à miser sur un quatre cylindres en ligne, la marque aux trois diapasons s’est enfin résolue à basculer vers un moteur V4, solution devenue indispensable pour combler le retard sur Ducati, KTM ou Honda.
Qui a mis la pression pour se résoudre à cette option ? Fabio Quartararo, évidemment. Le champion du monde 2021 réclame une machine capable de se battre pour la victoire, et il ne s’en cache plus. Yamaha a donc ressorti sa nouvelle arme au GP de Malaisie, confiée en wild-card à Augusto Fernandez. Mais le résultat a inquiété : après un premier test catastrophique à Misano — plus d’une minute derrière les leaders — le doute s’installe.
Avec un contrat qui expire fin 2026, il n’y a aucune garantie que Fabio Quartararo souhaite rester là où il est, rappelle le paddock. Yamaha aurait mis sur la table une offre « colossale », mais l’argent ne suffira pas : la priorité du Français reste la compétitivité de sa machine.
Et c’est là que la stratégie Yamaha pourrait se retourner contre elle, comme l’explique le journaliste Simon Patterson dans le podcast The Race :
« Le plus gros problème de Yamaha en ce moment est qu’il y a une usine qui peut payer aussi bien qu’eux, et c’est celle qui a une très bonne moto maintenant, soit Honda ».
En donnant à Quartararo un avant-goût du V4, Yamaha faciliterait une éventuelle transition vers la concurrence :
« Toute transition potentielle pour Fabio loin de Yamaha sera beaucoup plus facile en passant 2026 au guidon de n’importe quel V4, même s’il n’est pas très bon. Ils se sont peut-être tiré une balle dans le pied. Je ne sais pas. »
En voulant donner à Fabio Quartararo exactement ce qu’il demande, Yamaha risque de lui montrer… la sortie
Selon lui, une date clé arrive : « mon intuition me dit que la décision concernant Fabio interviendra probablement après Jerez et les essais de lundi en mai 2026. Ce test traditionnel, ce sera la date. Et le truc, c’est que tout le monde attendra Fabio. »
Parce qu’il n’a jamais piloté de V4 au sommet de sa carrière, Quartararo manque d’expérience sur ce type de moteur. C’est l’une des raisons qui ont poussé Yamaha à conserver Jack Miller chez Pramac plus tôt dans la saison : il est l’un des rares pilotes maison à connaître le V4 et ses retours techniques sont précieux.
Trois saisons à lutter avec une moto en retrait, c’est déjà beaucoup. En 2022, Quartararo s’est encore battu pour le titre… avant l’effondrement. Depuis, les rivaux en V4 ont creusé l’écart.
L’ancien pilote MotoGP Michael Laverty ne mâche pas ses mots : « Fabio serait « fou » de signer sur la ligne pointillée sans être sûr qu’ils puissent lui donner un équipement respectable ».
Surtout qu’en 2027, la catégorie reine passe à un nouveau règlement technique : véritable remise à zéro de la hiérarchie. Autrement dit : c’est le moment ou jamais de choisir le bon camp.
Yamaha veut garder Quartararo à tout prix. Mais en voulant lui donner exactement ce qu’il demande, le constructeur risque de lui montrer… la sortie. L’avenir de El Diablo n’a jamais été aussi ouvert. Et une vérité s’impose déjà : la V4 décidera tout.
