La saison 2025 de Francesco “Pecco” Bagnaia ressemble à une longue traversée du désert. Le double champion du monde MotoGP, habitué à se battre pour la couronne depuis quatre saisons, vit l’une des années les plus douloureuses de sa carrière — à tel point que Michele Pirro, pilote d’essai et figure clé du clan Ducati, parle d’une “saison de souffrance”.
Avec seulement trois victoires sur vingt courses disputées — Austin, Motegi et le Sprint de Sepang — Bagnaia n’a jamais trouvé la sérénité sur la GP25, la moto censée prolonger son règne.
Pendant ce temps, Marc Marquez, pour sa première saison chez Ducati Factory, a écrasé la concurrence : titre acquis avec cinq manches d’avance, onze Grands Prix et quatorze Sprints remportés.
En quittant le Japon, Marquez comptait 267 points d’avance sur les 274 de Bagnaia. À Sepang, la situation s’est encore détériorée : Alex Marquez, sur une simple GP24, a verrouillé la deuxième place du championnat, tandis que Marco Bezzecchi (Aprilia) a dépassé Bagnaia, reléguant le Turinois au quatrième rang avec 286 points contre 291.
Pirro : “Il gagne le dimanche, et deux jours plus tard, il sombre”
Pour Michele Pirro, qui observe Bagnaia depuis l’intérieur du système Ducati, le problème dépasse la simple technique. Il est mental.
« J’étais stupéfait par sa capacité à remporter de grandes victoires dans certaines situations, puis à sombrer dans la déprime en l’espace de quelques jours », confie Pirro à MOW.
« Les athlètes connaissent aussi des périodes plus difficiles. Nous sommes humains, et chaque saison est différente. »

Michele Pirro : « j’étais stupéfait par la capacité de Pecco Bagnaia à remporter de grandes victoires, puis à sombrer dans la déprime en l’espace de quelques jours »
Pirro évoque un pilote sous pression, encore marqué par le traumatisme de 2024, lorsque Bagnaia avait perdu le titre face à Jorge Martin à la dernière manche, pour dix petits points.
« Pecco a remporté deux titres de champion du monde, mais il en a perdu un lors de la dernière course l’an dernier. Ce n’est pas toujours aussi simple qu’il n’y paraît. On a tendance à se remettre en question. »
Et Pirro d’ajouter avec bienveillance : « mais pour finir, de nombreux facteurs entrent en jeu. Et de toute façon, tous les pilotes méritent le respect. Vous avez une responsabilité, une pression, et vous représentez une entreprise. »
Le revers de 2024 continue de peser lourd. Jorge Martin, alors pilote indépendant chez Pramac, était devenu le premier champion du monde MotoGP issu d’une équipe satellite, une révolution historique.
Ses trois victoires en Grand Prix et sept succès en Sprint avaient suffi à battre un Bagnaia pourtant dominateur en vitesse pure, mais irrégulier dans la gestion des points.
Bagnaia avait cumulé 11 victoires, mais trop d’abandons (3) et un déficit de podiums réguliers avaient fait pencher la balance. Martin, lui, n’avait abandonné que deux fois, enchaînant dix deuxièmes places et trois troisièmes places — un modèle de constance.
En janvier dernier, Bagnaia lui-même avait reconnu que cette défaite avait “terni sa lune de miel” : « j’ai commis trop d’erreurs. Même quand je gagnais, je n’arrivais pas à être heureux. »
Pour Pirro, la renaissance de Bagnaia dépendra avant tout de la Ducati GP26, déjà en développement avancé. Il croit fermement à un retour du Turinois au sommet dès l’an prochain :
« Pecco se battra avec Marquez pour le titre MotoGP 2026. Il n’a pas perdu son talent, seulement sa sérénité. La GP26 lui permettra de retrouver le feeling qu’il avait avec la GP23, celle de ses deux titres. »
L’histoire de Pecco Bagnaia semble à un tournant. Après deux couronnes et deux saisons pleines d’intensité émotionnelle, l’Italien a laissé s’installer le doute, tandis que Marquez — son nouveau rival maison — s’est approprié la GP25 avec une facilité presque provocante.
Mais Ducati connaît la valeur de son champion. Et si l’hiver s’annonce long pour Pecco, il pourrait bien être celui de la reconstruction. Car une chose est sûre : quand Bagnaia retrouve le contrôle, il ne se contente jamais d’être “acceptable”.





























