Jorge Martin a profité du Grand Prix de France au Mans pour annoncer à Aprilia son intention d’activer une clause de sortie dans son contrat, ouvrant la voie à un transfert chez Honda en 2026. Une décision aussi inattendue que lourde de conséquences pour l’usine de Noale, qui croyait avoir trouvé en Martin son leader incontesté.
Arrivé chez Aprilia en 2025 avec un contrat de deux ans d’une valeur de 8 millions d’euros, Martin avait accepté cette offre après avoir été snobé par Ducati, qui lui a préféré Marc Marquez pour épauler Francesco Bagnaia. L’équipe italienne de Noale pensait sécuriser l’un des talents les plus explosifs du paddock qui plus est Champion du Monde en titre sous le label de Borgo Panigale. Mais l’idylle a tourné court.
La clause activée par Martin permettrait, selon lui, de résilier la seconde année de son contrat si, à l’issue du Grand Prix de France, il ne figurait pas dans le top 3 du championnat. Or, à cause de sa blessure — survenue lors de sa chute au Qatar et aggravée par un accrochage avec Fabio Di Giannantonio — Martin n’a marqué aucun point sur les neuf premières manches, dont huit qu’il a dû manquer avec ses onze côtes fracturées et un hémopneumothorax.
Aprilia chercherait à bloquer l’annonce du départ de Jorge Martin pour ne lui laisser aucune autre option que de rester
Aprilia, de son côté, conteste la validité de cette clause de sortie, arguant que les circonstances médicales exceptionnelles doivent être prises en compte. Selon des sources relayées par AS, l’équipe tenterait de retarder toute officialisation pour forcer le pilote à rester, espérant créer une situation où Martin n’aurait « pas d’autre choix » que de respecter sa deuxième année de contrat.
Le pilote madrilène est néanmoins déterminé à rejoindre Honda et se prépare à affronter une potentielle bataille contractuelle. Il vise un retour à la compétition lors du Grand Prix de République tchèque, à Brno (18-20 juillet), un circuit jugé plus tolérant physiquement que le Sachsenring, théâtre du Grand Prix d’Allemagne prévu une semaine plus tôt. Il prévoit également de réaliser un test avec la RS-GP d’ici là, probablement à Misano. « Nous attendons le feu vert des médecins pour Jorge », a déclaré Paolo Bonora, directeur sportif d’Aprilia, à Autosport à propos du retour de son pilote. « Dès que ce sera fait, et grâce au changement de règlement que nous avons proposé, nous pourrons organiser une journée d’essais. »
Aprilia prévoit trois séances d’essais d’ici la fin de la saison : les 30 et 31 juillet et les 11 et 12 août sur le circuit de Barcelone-Catalogne, et les 29 et 30 octobre à Jerez. Ces séances devraient avoir lieu après le retour de Martin, actuellement prévu pour la mi-juillet. « Dès que nous aurons le feu vert du Dr Charte, nous chercherons une date », a ajouté Bonora, sans confirmer le lieu. Cependant, tout porte à croire que le circuit de Misano aura lieu la deuxième semaine de juillet, probablement le 8 ou le 9 juillet.
Enfin, en coulisses, le feuilleton dépasse le cadre sportif. Carmelo Ezpeleta, PDG de Dorna, verrait d’un très mauvais œil un transfert de Martin vers Honda, craignant sans doute pour l’attractivité d’Aprilia et l’équilibre des forces dans le paddock.
Jorge Martin, 27 ans et déjà 20 fois poleman en catégorie reine, sait que l’affaire sera longue et potentiellement conflictuelle. Mais il a choisi son camp. Et il semble prêt à tout pour rouler en rouge Honda dès 2026.
