Le cauchemar de Pecco Bagnaia a-t-il commencé avec l’annonce de Marc Marquez comme coéquipier ? C’est l’avis de Juan Martinez, ancien ingénieur MotoGP, qui pointe du doigt l’impact psychologique et technique de l’arrivée du sextuple champion du monde MotoGP chez Ducati pour 2025. Alors que Marquez domine la saison, Bagnaia, double couronné en tunique rouge, lutte pour trouver son rythme sur la Desmosedici GP25.
Le 2 juin 2024, Ducati lâche une bombe : Marc Marquez, après une saison convaincante chez Gresini, rejoint l’équipe d’usine en 2025 aux côtés de Francesco « Pecco » Bagnaia. Avec huit des dix derniers titres MotoGP à eux deux, ce duo promet des étincelles. Mais pour Martinez, interrogé par DAZN, c’est à ce moment précis que les ennuis de Bagnaia ont commencé : « Pecco a commencé à ressentir l’impact dès que la signature de Marc a été annoncée. Cela a influencé ses interviews, car on a commencé à lui poser des questions sur Marc et sur son avenir. C’est là que la gestion de Pecco a débuté. »
Le paddock, les médias et les fans ont immédiatement monté les deux pilotes l’un contre l’autre, créant une pression inédite pour Bagnaia. « Cette situation a pesé sur lui », ajoute Martinez, soulignant que la rivalité avec Marquez, même avant son arrivée officielle, a perturbé l’Italien.
Sur la piste, la différence de style est frappante. Marquez, maître de l’adaptation, excelle quelle que soit la machine. « Marc est habitué à changer constamment : châssis, aérodynamisme, peu importe. Il exploite toujours son potentiel à fond », explique Martinez. Bagnaia, lui, est plus « cérébral », préférant une moto parfaitement adaptée à son style méthodique.
« Avec un pilote comme Marc Marquez, qui performe dans toutes les conditions, il est plus dur de définir une direction claire pour la machine »
La GP25, bien que compétitive, ne semble pas convenir à l’Italien, qui a du mal à en tirer le meilleur. « Cela affecte le développement de la moto », note Martinez. « Avec un pilote comme Marc, qui performe dans toutes les conditions, il est plus dur de définir une direction claire pour la machine. »
En 2025, Marquez brille, tandis que Bagnaia, malgré une victoire au Grand Prix des Amériques (aidée par l’abandon de Marquez) et sept podiums en 12 Grands Prix, reste dans l’ombre. Pire, il est devancé par Alex Marquez, qui domine sur la GP24 de Gresini, une moto plus stable et mieux maîtrisée. À la mi-saison, Bagnaia pointe à une décevante troisième place au championnat, à 48 points d’Alex et 120 points de Marc, leader incontesté.
Ducati vit par ailleurs une saison 2025 exceptionnelle, avec 10 victoires en Grands Prix et un sans-faute en courses sprint. Mais pour Martinez, un nuage ternit ce tableau : « le seul bémol pour Ducati, c’est que Bagnaia n’est pas deuxième. » Alex Marquez, sur la GP24 de l’an dernier, profite d’une stabilité technique que la GP25, encore en rodage, ne semble pas offrir à Pecco. « La GP24 fonctionne, on le sait depuis l’année dernière », souligne Martinez. « Mais dans le stand de Bagnaia, il y a un problème de gestion. Ils gagnent presque tout, mais ne pas avoir Pecco en deuxième place est un discrédit pour Ducati. »
Les difficultés de Bagnaia ne se limitent pas à la moto. La présence de Marquez, avec son aura et sa capacité à s’adapter, semble avoir ébranlé la confiance du champion 2022 et 2023. « Marc attire l’attention, et ça change la dynamique dans l’équipe », confie un insider à Crash.net. Les ingénieurs, tiraillés entre les besoins spécifiques de Bagnaia et la polyvalence de Marquez, peinent à trouver un équilibre. Résultat : Pecco, habitué à être le fer de lance de Ducati, se retrouve sous pression, éclipsé par son coéquipier et même par un pilote satellite.
À mi-saison, Bagnaia doit se ressaisir. La seconde moitié de 2025, avec des circuits comme Phillip Island ou Valence où il a brillé par le passé, offre une chance de renverser la vapeur. Mais pour Martinez, l’enjeu dépasse la piste : « Pecco doit retrouver sa sérénité et une moto qui lui convient. » Avec les nouveaux règlements 2027 et l’arrivée des pneus Pirelli, qui pourraient rebattre les cartes, Bagnaia aura une opportunité de reprendre l’ascendant. Reste à savoir s’il pourra surmonter l’ombre de Marquez et redevenir le leader incontesté de Ducati.
