pub
Marc Marquez

Marc Marquez s’apprête à décrocher ce qui devrait être son neuvième titre mondial. Neuf, un chiffre symbole d’une carrière hors normes, qui le place déjà au niveau des plus grands noms du sport. Mais cette année, Dorna a décidé qu’il ne faudrait plus parler que de sept. Oui, sept.

Depuis des décennies, le motocyclisme s’est construit sur une logique simple : un titre mondial est un titre mondial, quelle que soit la cylindrée. Les champions 125, 250, Moto2 ou MotoGP étaient tous couronnés dans le même palmarès global.

C’est ainsi que l’on a toujours comparé les carrières d’Angel Nieto (13 titres), Valentino Rossi (9 titres) ou Mike Hailwood (9 titres).

Mais Dorna a décidé de changer les règles du jeu en cours de partie : désormais, seuls les titres MotoGP/500cc comptent vraiment dans la communication officielle. Les couronnes en Moto2 et 125 ? Reléguées au rang de simple “formation”.

Derrière ce virage se cache une stratégie limpide : vendre le MotoGP comme une marque unique et autonome, quitte à sacrifier l’héritage historique du sport.

En simplifiant le message — “X titres MotoGP” — Dorna espère rendre la discipline plus lisible pour le grand public et les sponsors.

Mais cette vision marketing efface brutalement des décennies d’histoire et de cohérence statistique.

Valentino Rossi n’aurait donc “plus” que 7 titres MotoGP. Angel Nieto, qui a bâti sa légende sur les petites cylindrées, se retrouve quasi effacé du discours officiel, à l’instar d’un Max Biaggi, d’un Dani Pedrosa ou d’un Johann Zarco. Et Marquez, qui pourrait être célébré pour ses 9 couronnes mondiales, se retrouve à fêter… un “simple” septième titre.

Les pilotes minimisés, Marc Marquez stoïque

Interrogé sur cette réécriture de son palmarès, Marc Marquez est resté diplomate, mais son sous-texte est clair :

« Ce n’est pas entre mes mains. Les chiffres comptent, bien sûr, mais le plus important est que les gens se souviennent de moi pour ce que je donne en piste. » Et il conclut : « aujourd’hui, on m’a demandé combien de Ballons d’Or Messi avait remportés et je ne le savais pas, même si j’étais un de ses fans, mais je sais ce qu’il a fait à Barcelone. »

Une réponse polie… mais qui traduit aussi une forme de résignation face à une décision qui lui échappe totalement.

Cette révision historique choque une grande partie des suiveurs. Beaucoup y voient un manque de respect envers les légendes qui ont bâti le sport avant l’ère MotoGP moderne.

Le paddock lui-même semble partagé : certains comprennent la volonté de clarifier les palmarès pour le marketing, mais d’autres dénoncent un “effacement” pur et simple de l’héritage historique.

Car après tout, un titre mondial reste un titre mondial — que l’on gagne en 125 ou en MotoGP, l’exploit est le même : devenir le meilleur pilote au monde dans sa catégorie.

Le problème, c’est qu’une fois qu’on commence à réécrire les chiffres, où s’arrête-t-on ? Demain, on pourrait décider qu’une saison raccourcie “compte moins”. Ou qu’un titre acquis avec concessions vaut moins qu’un autre.

Le danger, c’est de transformer l’histoire du MotoGP en un simple outil marketing, déconnecté de la réalité sportive.

En clair, ce qui se joue ici dépasse le cas Marquez. C’est la mémoire même du sport qui est en jeu. Et si Dorna voulait rendre le MotoGP plus lisible, elle risque surtout d’aliéner les passionnés qui aiment ce championnat pour son héritage, sa richesse et ses comparaisons entre générations.

Marc Márquez

Tous les articles sur les Pilotes : Johann Zarco, Marc Marquez, Valentino Rossi

Tous les articles sur les Teams : Ducati Team