La FIM et Dorna frappent un grand coup pour 2027. Dans le cadre de la vaste réforme réglementaire accompagnant l’arrivée des moteurs 850 cc, les dispositifs de réglage de correction d’assiette (RHD) seront totalement interdits, sonnant le glas d’une innovation controversée popularisée par Ducati. C’est le premier acte d’une purge technologique qui pourrait aussi viser les amortisseurs de masse et les ailerons latéraux. KTM en est le premier réjoui.
Apparus fin 2018 chez Ducati, les « Ride Height Devices » (RHD) permettent aux pilotes d’abaisser sur commande la hauteur de la moto en accélération, améliorant la stabilité et l’accroche. Déjà interdits à l’avant en 2023, ils seront désormais bannis intégralement en 2027.
Cette décision est motivée par deux raisons majeures : la sécurité avec les risques accrus en cas de défaillance ou de chute. Et la philosophie sportive voulant réduire l’écart entre la technique pure du pilote et l’aide électronique/ mécanique.
Pedro Acosta, connu pour son style agressif et sa maîtrise physique, pourrait être un grand bénéficiaire de ce retour à un pilotage plus « brut ». Il a une KTM et justement, c’est ce constructeur qui s’implique le plus dans ce qu’il faut bien appeler une purge technologique …

KTM à la manœuvre : la guerre contre les amortisseurs de masse
KTM mène ainsi une fronde contre une autre innovation Ducati : les amortisseurs de masse (ou tuned mass dampers). Ces pièces, conçues pour absorber les vibrations du châssis, sont considérées par l’Autrichien comme une forme déguisée de suspension active, strictement interdite.
« Quand tout cela a commencé, nous nous sommes dit : « C’est comme si la suspension active faisait son apparition« . Ce serait bien qu’ils soient bannis. » — Pit Beirer, Directeur Sportif KTM.
L’interdiction nécessiterait un consensus entre tous les constructeurs, ce qui promet des batailles homériques en coulisses, Ducati défendant farouchement son avantage technologique.
Un autre dossier brûlant est sur la table : les ailerons fixés sur les côtés au niveau des jambes des pilotes, introduits par Aprilia en mai 2025 et rapidement copiés par Honda. Jugés dangereux en cas de chute (risque d’accrochage ou de blessure), ils pourraient être interdits en urgence dès la saison prochaine.
Une telle mesure handicaperait sérieusement Aprilia, qui a justement trouvé avec ces appendices un moyen de rivaliser avec la suprématie aérodynamique de Ducati en fin de saison 2025.
Aucun changement majeur n’est prévu pour 2026, mais une réécriture de dernière minute de la réglementation aérodynamique reste possible, créant un climat d’incertitude stratégique.
L’objectif des promoteurs est clair : simplifier les motos, réduire les coûts de développement astronomiques, et recentrer le spectacle sur le duel homme/machine plutôt que sur la guerre des ingénieurs. Une volonté de redéfinir la discipline face à la complexité technologique galopante.
En résumé, le MotoGP s’apprête à vivre un virage historique. L’ère 2027 ne signera pas seulement l’arrivée de moteurs plus petits, mais aussi un retour forcé à l’essentiel. Un cadeau pour les puristes et les pilotes au talent brut, mais un défi monumental pour les bureaux d’études, notamment chez Ducati, dont l’avantage technologique risque de se réduire comme peau de chagrin. La course à l’innovation entre en conflit direct avec la recherche de spectacle et d’équité. Le paddock n’a pas fini de grincer des dents.





























