C’est un détail qui n’en est pas un : la passerelle Dunlop n’est pas seulement un ouvrage permettant de traverser la partie de la piste mancelle utilisée à la fois par le MotoGP et les 24 Heures du Mans, c’est un repère visuel emblématique du circuit, un point de ralliement, un symbole du tracé sarthois au même titre que la ligne droite des Hunaudières !
Pourtant, à l’approche de 2026, le nom “Dunlop” a disparu de la passerelle, annonçant une nouvelle ère de l’habillage qui a perduré pendant une centaine d’année.
Une histoire centenaire, faite de mutations
La saga commence dès 1923, avec une simple passerelle destinée à fluidifier la circulation des spectateurs entre les stands et les zones de restauration. Elle est déjà dotée de panneaux Dunlop mais n’a pas la forme d’un pneu.
Très vite, l’idée publicitaire
prend le dessus : en
1928, l’ouvrage est remplacé par une réplique monumentale
de pneumatique, le fameux “Dunlop Fort”, qui contribue à installer l’objet
dans l’imaginaire collectif.
Malheureusement, toutes les photos de cet ouvrage semblent avoir
été détruits durant la seconde guerre mondiale.
Il existe juste ce montage très approximatif.

De1930 à 1948, l’ACO interdit toute publicité et la « chose » est démontée.
Après-guerre, nouvelle étape : en 1948, Dunlop réinstalle un pont (métal et bois, environ 18 m), avant que le site ne continue à évoluer au rythme des travaux du circuit et des impératifs de sécurité.


Le tournant majeur arrive dans les années 60 : en 1965, la passerelle adopte son
implantation devenue “définitive”, au sommet de la butte, là où
elle domine encore la courbe, avec des slogans ayant toujours
évolué au fil du temps : L’action automobile, Vite Loin, Durée
SP Sécurité, Dunlop, SP-Sport, La passion du futur,
#PassionDunlop.
Le « profil » du pneu passe également du diagonal au
radial…

Puis vient la version
“moderne” : en
1978, une nouvelle structure est annoncée comme capable
d’accueillir un large public et de résister à des vents très
importants, avec des dimensions spectaculaires (arc d’environ 50 m,
13 m de haut).
Enfin, un lifting en 1992 fixe durablement le look que les fans
connaissent aujourd’hui.

Pourquoi ce “retrait” maintenant ?
Ce qui change, ce n’est pas la courbe ni son nom, mais l’habillage : le label Dunlop a changé de mains pour atterrir chez Sumitomo, et même si les pneus motos continuent par être exploités sous licence par Goodyear, leur précédent propriétaire, cela ne justifie sans doute pas de continuer à valoriser le nom de Dunlop au lieu d’afficher fièrement le lettrage GOODYEAR sur cet emplacement aussi iconique…
D’ailleurs, en cette toute fin d’année 2025, nos collègues du site Endurance-info ont pu photographier le masquage du célèbre patronyme (Voir la galerie ici).

La nouvelle version ressemblera à l’illustration de couverture et comprendra également les rénovations de la tribune Goodyear, adjacente au musée ACO et du Goodyear Racing Club.
Pour honorer l’héritage de la passerelle Dunlop, l’ACO et Goodyear feront don d’une collection patrimoniale d’objets liés au pont Dunlop au musée des 24 Heures du Mans, préservant ainsi son importance historique pour les générations futures.
Xavier Fraipont , vice-président de Global Racing chez Goodyear, a ajouté : « Les 24 Heures du Mans sont l’événement phare du calendrier d’endurance et un pilier de l’histoire de Goodyear en compétition. Alors que nous célébrons les 45 ans de la marque Eagle et les 60 ans de notre première victoire au Mans, nous sommes fiers de renforcer notre partenariat avec l’ACO. Cette présence accrue sur le circuit témoigne de notre stratégie tournée vers l’avenir et de notre passion pour l’innovation en sport mécanique. »
Les autres passerelles Dunlop dans le monde
Le “concept” de passerelle Dunlop ne se limite pas au Mans : on retrouve des passerelles similaires sur plusieurs circuits, parfois disparues : Suzuka (retirée en 1987), Donington Park (1977–2009), Mount Panorama/Bathurst, Sandown, Tsukuba, Laguna Seca, Mantorp Park, ou encore sur des circuits français comme Carole, Nogaro, ou dans le passé sur le circuit de Reims-Gueux.

Au Mans, une page se tourne, tristement, en espérant que la Tour Eiffel ne soit pas bientôt vendue à Apple ou à Huawei…
MotoGP Dunlop































