Le MotoGP ne serait plus bientôt ce temple de vitesse brute et de rivalités dantesques. Sous la houlette de Liberty Media, le paddock se transformera en Sunset Boulevard : tapis rouges, caméras Netflix et cérémonies à l’américaine. Mais à force de sacrifier l’authenticité sur l’autel du show, la discipline risque de perdre ce qui faisait battre son cœur : la course, la vraie.
Le MotoGP entre dans une nouvelle ère. Avec Liberty Media aux commandes, le paddock ne sera plus un temple de sueur, d’huile et de vitesse, mais une sorte de « Sunset Boulevard » clinquant, où les camions d’antan et l’authenticité du sport passeront sous les roues du business.
Liberty Media veut effacer l’image brute du MotoGP pour la remplacer par une vitrine luxueuse. Les camions d’usine ? Disparus. Les hospitalités sobres ? Oubliées. Désormais, tout devra être à deux étages, brillant, monumental, instagrammable. Bref : plus proche de Las Vegas que de Misano.
Un membre du paddock l’admet sans détour : « les semi-remorques vont disparaître du paddock… Les hospitalités devront également être à deux étages, afin de transformer la zone centrale en un attrayant « Sunset Boulevard ». » Autrement dit, les structures deviendront plus importantes que les motos elles-mêmes.
Les Grands Prix à l’étranger sont promis à une transformation totale : des « villes voyageuses » bardées d’infrastructures et de zones VIP. Une expérience vendue comme « immersive », mais qui, comme on le craignait déjà dans nos colonnes, exclura peu à peu les catégories annexes. Moto2 et Moto3, jadis la porte d’entrée vers la gloire, risquent d’être reléguées dans l’ombre. Une perspective qui effraie déjà les intéressés : « s’ils nous mettent hors du paddock principal, nous sommes finis … »
Liberty Media transforme le paddock en parc d’attractions
Le message est clair : l’espace se paie, la visibilité aussi. Ceux qui n’ont pas les moyens seront sacrifiés. Le MotoE, déjà fragile, n’aura même pas droit à ce lifting doré. Il sera tout simplement rayé de la carte en 2026.
Au lieu de défendre une catégorie expérimentale mais innovante, Liberty Media préfère balayer la filière électrique pour installer du spectacle importé, comme les King of the Baggers. Mais attention : eux aussi n’auront pas leur place dans le paddock, seulement dans une fan zone. Comme si on disait aux passionnés : « amusez-vous dehors, nous on garde l’avenue pour les VIP ».
Le MotoGP a toujours été un paradoxe : technologie futuriste et humanité brute, où la sueur des pilotes se mélangeait à la poussière des paddocks. Avec Liberty Media, ce cocktail risque de disparaître. À force de chercher à séduire par le show business, on étouffe ce qui faisait battre le cœur du championnat : la proximité, l’authenticité, le vrai parfum de la course.
Le MotoGP voudrait donc se vendre comme une Formule 1 à deux roues. Mais attention : à force de singer Hollywood, il pourrait finir par oublier ce qu’il est vraiment — un sport extrême, cru, parfois ingrat, mais qui n’avait jamais besoin de tapis rouge pour nous couper le souffle.