Depuis des années, la perspective d’un engagement de BMW Motorrad en MotoGP alimente les discussions dans le paddock. Pourtant, malgré quelques incursions techniques marginales – notamment à l’époque des CRT, où des équipes clientes avaient utilisé des moteurs issus de la S1000RR – la marque allemande n’a jamais franchi le pas d’une entrée officielle en tant que constructeur dans la catégorie reine.
Un précédent avait pourtant existé, passé presque inaperçu. À l’aube des années 2000, alors que les 500 cc deux-temps laissaient place aux 990 cc quatre-temps, BMW s’était discrètement associé à Oral Engineering pour développer un prototype propulsé par un moteur trois cylindres de 215 chevaux. Une machine unique, aujourd’hui conservée… dans le bureau du PDG de BMW Motorrad, Markus Flasch. Comme un trophée d’un rêve qui n’a jamais vraiment vu le jour.
Et pourtant, l’espoir avait repris vie. En 2023, Markus Flasch avait confirmé des discussions avec Carmelo Ezpeleta, le patron de Dorna, sur les conditions d’une possible entrée. Le calendrier semblait idéal : 2027, avec l’arrivée des nouveaux moteurs 850 cc et des pneus Pirelli, pouvait représenter une fenêtre parfaite pour un nouvel acteur bénéficiant du système de concessions. D’autant plus que BMW avait dans ses rangs une arme redoutable : Toprak Razgatlioglu, champion du monde Superbike, figure médiatique et pilote charismatique capable de porter le projet MotoGP sur ses épaules.
Mais voilà : Toprak est parti chez PRAMAC Yamaha, laissant BMW sans son ambassadeur naturel. Et avec lui, c’est tout l’élan vers le MotoGP qui semble avoir pris un coup d’arrêt. Interrogé récemment par Australian Motorcycle News, Markus Flasch a fait le point avec une transparence inhabituelle : « le sujet MotoGP est débattu depuis longtemps chez nous. Je peux vous assurer qu’aucune décision définitive n’a été prise », déclare-t-il. Une déclaration lourde de sous-entendus.
BMW : « le Superbike n’est pas un mauvais championnat, mais il reste trop européen »
La raison de ce flou ? Elle est essentiellement budgétaire et stratégique. Flasch ne cache pas qu’un engagement en MotoGP représenterait un saut financier bien supérieur à celui du championnat WorldSBK, dans lequel la marque est actuellement engagée avec la M1000RR. « Avant de définir un chemin technique, il faut prendre la décision stratégique. Et cette décision n’a pas encore été prise », insiste-t-il.
Pire : à ce jour, aucune équipe chez BMW ne travaille concrètement sur un projet MotoGP. Ce qui rend mathématiquement impossible une entrée en 2027. « Ce n’est pas un horizon réaliste pour nous », reconnaît Flasch. Il affirme néanmoins que BMW continue de « travailler sur sa stratégie en compétition », en considérant toutes les options : MotoGP, WorldSBK, voire le tout-terrain.
En parallèle, il critique ouvertement le championnat Superbike, dans lequel BMW reste malgré tout très actif : « ce n’est pas un mauvais championnat, mais il reste trop européen », regrette-t-il, suggérant un manque d’impact mondial.
Conclusion : BMW demande du temps. « Encore quelques mois » pour trancher sur sa position. En attendant, la grille MotoGP continuera de se composer des cinq constructeurs actuels : Ducati, Aprilia, KTM, Yamaha et Honda. Et le rêve d’un sixième géant, venu d’Allemagne, devra patienter… ou disparaître, une fois encore, dans les tiroirs du bureau de Markus Flasch.