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Ducati KTM

La rentrée du MotoGP approche et elle aura lieu à Sepang pour des tests début février, mais entre Ducati et KTM, on n’a pas attendu ces retrouvailles pour commencer à se fâcher. L’incendie a été allumé par un Davide Tardozzi des rouges qui a regretté le fait que la maque autrichienne développait une tendance à faire signer des contrats exclusifs à des jeunes pilotes. La réponse de la marque orange n’a pas tardé avec un Pit Beirer qui a mis les choses au point en rappelant le cas concret de Jorge Martin, véritable prise de guerre de Ducati à KTM, qui interpelle aussi sur la politique des hommes de Borgo Panigale…

C’est un nouvel enjeu à la fois stratégique et économique et il s’agit de la détection et de la formation, puis de la fidélisation des jeunes pilotes en Grand Prix. Autrefois, on se faisait remarquer individuellement par des résultats puis on était embauché par une écurie de pointe. A présent, et alors que l’on a tout à prouver, on entre dans une filière liée à un constructeur ou dans une structure, les deux offrant la logistique et l’opportunité de se développer comme de se révéler. Ce n’est pas gratuit, mais c’est surtout un investissement dont les organisateurs attendent un jour le retour. Il passe par la révélation d’un champion formé et fidélisé, mais ça peut aussi venir de la vente dudit pilote sur le marché. A la manière de ce qui se passe dans le football. Une piste qui est encore à défricher en Grand Prix, et sur laquelle KTM réfléchit.

La relève est donc un business. Seulement deux entités peuvent se targuer aujourd’hui d’une certaine réussite en la matière. La VR46 Académie, qui, en 2022, aura quatre pilotes en MotoGP, dont deux favoris pour le titre. Et KTM, constructeur impliqué dans toutes les catégories qui comptent pour se faire les dents. Une présence qui était autrefois celle d’Aprilia du temps où Gigi Dall’Igna y travaillait. Ce dernier a toujours signalé chez Ducati qu’il faudrait s’occuper de ces catégories intermédiaires pour justement préparer l’avenir. Mais il n’a jamais été entendu à Borgo Panigale.

Un blanc dans le dispositif des rouges qui ne les empêche de compter cinq pilotes d’usine MotoGP sous contrat dont trois étaient auparavant avec Red Bull KTM : Jack Miller, Johann Zarco et Jorge Martin.  Enea Bastianini vient de la Red Bull Rookies Cup. Pecco Bagnaia est la seule exception, il vient de la VR46 Riders Academy qui aura en 2022 son écurie avec des Ducati dedans et Marini comme Bezzecchi come pilote.

KTM s’investit donc dans le paddock et cet état des lieux chez Ducati montre que les Autrichiens n’enferrent pas les jeunes pilotes à Mattighofen par la signature d’un contrat aux clauses léonines alors qu’ils vivent leur puberté. Or, c’est ce que Pit Beirer a cru entendre dans les propos de Davide Tardozzi. Et il lui a répondu avec fermeté sur Speedweek

Pit Beirer KTM Moto GP

KTM renvoie Ducati dans ses buts en rappelant le cas Jorge Martin

Le patron de la compétition chez KTM dit ainsi : « nous ne faisons pas de contrats qui bâillonnent nos pilotes » fulmine-t-il. « Si M. Tardozzi prétend qu’il y a concurrence déloyale, je ne peux que chaleureusement inviter Ducati à s’engager dans le secteur des jeunes, je ne me souviens pas avoir vu une moto Moto3 de Ducati ».

« Le coût du programme jeunesse est très élevé, on parle de millions d’euros » ajoute Beirer. « Apparemment, chez KTM, nous sommes si peu respectables que certains pilotes signent volontairement des contrats avec nous pour le championnat du monde Moto3, après trois ans en Rookies Cup, à laquelle nous ne fournissons que les motos, sans aucun contrat avec les pilotes. Ducati attire désormais régulièrement des pilotes de la VR46 Riders Academy de Valentino Rossi, c’est intelligent. Mais ils devraient simplement le faire sans se plaindre de notre programme élaboré pour les jeunes ».

Et d’autant plus qu’il y a un cas concret qui a opposé KTM et Ducati… « Nous avons fait courir Jorge Martin pendant deux ans dans le championnat Moto2 avec l’équipe Ajo, lui donnant l’opportunité de nous rejoindre en MotoGP en 2021. Mais il voulait aller chez Ducati et a payé une clause de 80 mille euros, même si son salaire, avec nous, était beaucoup plus élevé. Nous nous sommes battus pour Martin mais il est parti quand même. Je laisse à Ducati le soin de juger si cette démarche de leur part était correcte ou non ». Beirer, lui, a déjà fait sa réflexion sur le sujet : « si un constructeur leurre ensuite nos talents avec un peu d’argent supplémentaire, c’est plutôt indécent».

Pit Beirer propose même des pistes à Ducati pour monter sa filière : « le paddock est plein d’équipes en Moto3 et Moto2 qui ont des difficultés financières. Il suffit d’aller quelque part, de garantir à l’équipe le budget annuel, pour avoir accès aux deux pilotes. L’équipe est heureuse, les pilotes sont heureux, et vous, en tant qu’usine, avez un accès direct ». Bref, Ducati doit se donner les moyens s’il veut trouver ses champions. « Ducati devrait réfléchir à la manière de s’impliquer dans le travail des jeunes plutôt que de se plaindre » termine Beirer.

Davide Tardozzi, Ducati Lenovo Team, Gran Premi Monster Energy de Catalunya

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