L’atmosphère était lourde dans le box Tech3 KTM à Sepang. Enea Bastianini, habituellement mesuré, a laissé transparaître une frustration croissante à l’issue d’une journée qu’il a lui-même qualifiée de “particulière”.
« Aujourd’hui a été une journée particulière. Nous n’avons pas réussi à exprimer notre potentiel, en tout cas je ne suis pas à l’aise : quelque chose ne fonctionne pas. Chaque fois que j’arrive sur un circuit, je repars toujours de zéro. »
Le ton est celui d’un pilote à bout de patience. Depuis Misano, les vendredis de Bastianini se suivent et se ressemblent : des séances brouillonnes, un manque de rythme, et l’impression de revenir à la case départ à chaque week-end.
« Depuis Misano, le vendredi est devenu un désastre. Nous ne parvenons pas à être rapides, mais ce n’est pas seulement une question de vitesse, c’est aussi une question de confiance : je n’arrive pas à me détendre sur la moto et peu importe ce que je fais de différent, ça ne fonctionne pas. »
Mais derrière cette perte de feeling se cache une vérité plus dérangeante : Bastianini n’a pas accès au même matériel que Pedro Acosta, son jeune coéquipier déjà propulsé au rang de star de la marque.
« Certains composants que Pedro Acosta a sur sa moto en ce moment, nous ne les avons pas. Mais je ne crois pas qu’ils arriveront, même si je ne peux pas le savoir. »
Une phrase lourde de sens — presque une accusation à demi-mot. Elle laisse entendre que KTM favoriserait ouvertement Acosta, considéré comme le futur visage du constructeur autrichien. Pour Bastianini, arrivé cette année après un passage difficile chez Ducati, la pilule est amère : comment rivaliser sans les mêmes outils ?
Selon des sources internes citées par GPOne, certaines évolutions de châssis et de bras oscillant testées par Acosta ne sont pas prévues pour la version Tech3 avant 2026. Une situation qui isole davantage le pilote italien, déjà en manque de confiance et de repères.

Enea Bastianini : un pilote en perte de repères à l’avenir incertain
Le “Beast” n’est plus que l’ombre du prédateur qu’il était chez Ducati. Là où Acosta multiplie les éclats et enchaîne les top-5, Bastianini accumule les frustrations et les questions sans réponses.
« Nous ne parvenons pas à être rapides… je ne me sens plus libre sur la moto. Tout ce que j’essaie, tout ce que je modifie, ne fonctionne pas. »
Derrière les mots, on sent un appel à l’aide. Bastianini, champion de Moto2 en 2020, sait qu’il joue gros : à 27 ans, il ne peut plus se permettre une saison anonyme. Son adaptation à la RC16 devait être un renouveau, elle se transforme en parcours du combattant.
Le contraste avec Acosta est saisissant. Le rookie espagnol, déjà dixième du championnat, bénéficie d’un soutien technique total et d’un flux constant d’évolutions. Une politique assumée par KTM, qui voit en lui son futur champion du monde.
Mais cette stratégie à deux vitesses pourrait créer des tensions internes : Viñales, lui aussi membre du team Tech3, partage certains éléments avec Bastianini, mais l’écart de performance reste criant.
Bastianini n’a jamais demandé de traitement de faveur — seulement d’être mis à armes égales. Pour l’instant, cette égalité semble hors de portée.
Si le pilote italien a encore le soutien du staff Tech3, la patience de “La Bestia” pourrait avoir des limites. D’autant que le marché 2026 commence déjà à s’agiter, avec plusieurs places convoitées chez KTM et ailleurs.
À Sepang, plus qu’un simple mauvais week-end, Enea Bastianini semble avoir lancé un signal d’alarme : celui d’un pilote talentueux en quête de reconnaissance, enfermé dans une structure où la hiérarchie technique dicte les ambitions sportives.































