Marc Marquez ne laisse plus que des miettes à ses adversaires. À l’issue de la première moitié de saison MotoGP 2025, le pilote officiel Ducati s’impose comme l’homme à battre — mais surtout comme l’homme déjà imbattable. Fort de cinq doublés consécutifs (sprint + GP) à Aragon, au Mugello, à Assen, au Sachsenring et à Brno, Marquez aborde la trêve estivale avec une avance colossale de 120 points sur… son propre frère, Alex Marquez.
Avec 8 victoires en Grand Prix et 11 sprints remportés sur 12, Marc domine l’année comme jamais auparavant. Il a raflé 79,1 % des courses disputées (dimanche et samedi confondus), n’échouant qu’au sprint de Silverstone. Aucun autre pilote n’a fait mieux qu’une seule victoire cette saison : Bagnaia à Austin, Alex Marquez à Jerez, Zarco au Mans, Bezzecchi à Silverstone. La démonstration est totale.
Malgré cette avalanche de statistiques, Marquez refuse de parler du titre comme d’une formalité, et encore moins de calculer le moment idéal pour l’emporter. « Je ne dirai pas où ni quand je veux décrocher le titre », tranche-t-il. « Honnêtement, j’aborde les dix dernières courses avec l’idée que je suis le seul à pouvoir perdre ce championnat. »
Pas de stratégie à la cool, donc. Marquez reste méthodique mais vorace. « S’il faut gérer, on le fera. Mais si je peux gagner, je donne tout. »
Ce qui motive vraiment Marc Marquez, ce n’est pas d’enchaîner les victoires en solitaire. C’est le défi, la bagarre, comme face à Bezzecchi au Sachsenring ou contre Acosta et Bezzecchi à Brno. Il cherche ces confrontations. Il en a besoin.
Marc Marquez : « ce respect, tu ne le gagnes pas au micro. Tu le gagnes en piste, en étant devant à chaque séance, chaque course »
Mais dans le MotoGP moderne, cette quête est parfois compliquée : aérodynamique poussée, pression des pneus à gérer… Il lui arrive même de se laisser dépasser volontairement pour ajuster ses pressions — quitte à se compliquer la vie.
« Suivre quelqu’un est devenu très inconfortable. À Brno, je n’étais pas à l’aise derrière Bezzecchi. Dans l’ancien MotoGP, c’était plus facile. Maintenant, tout le monde veut être devant. »
« Regardez Pecco : il n’a pas pu dépasser Acosta. Moi, j’ai souffert pour passer Bezzecchi. Il m’a fallu une demi-seconde d’écart. » Marquez prévient : pas question de “jouer” avec le feu. « À force de jouer, on finit par se faire avoir. »
Mais au fond, la vraie victoire que vise Marquez ne figure pas sur les feuilles de temps. C’est celle qu’on ne voit pas, mais que ses adversaires ressentent avant même le départ. « En tant que pilote, c’est ce que tu recherches : que tes adversaires arrivent sur la grille déjà battus mentalement. Ce n’est pas de la peur, c’est du respect. Et ce respect, tu ne le gagnes pas au micro. Tu le gagnes en piste, en étant devant à chaque séance, chaque course. » Un message clair. Et un avertissement.
C’est un Marc Marquez transformé par l’expérience. Plus mûr, plus calculateur, sans avoir perdu son feu intérieur. Marqué par sa blessure de 2020, il a intégré une nouvelle dimension à son pilotage : le contrôle.
« Je suis un peu plus calme, je réfléchis un peu plus… juste un peu ! », glisse-t-il en souriant. « Entre 20 et 30 ans, on change. Mais quand tu as vécu ce que j’ai vécu, tu réfléchis davantage avant de prendre des décisions à chaud, surtout sur la piste. »
Résultat : un prédateur toujours aussi affamé, mais désormais maître de ses émotions. Et c’est peut-être ça, le plus effrayant pour ses adversaires.