Blessé, mais pas brisé. C’est ainsi que Maverick Viñales a abordé le test MotoGP de Misano, quelques semaines après sa chute au Sachsenring. Si le pilote KTM figurait bien sur la feuille des temps – 13e à huit dixièmes de son coéquipier Pedro Acosta –, l’essentiel n’était pas là. Ce lundi, il ne s’agissait pas d’évaluer une pièce aérodynamique ou une cartographie moteur, mais de mettre son propre corps à l’épreuve.
« Je me sens bien… mais après trois ou quatre jours ici, c’était vraiment fatigant », a-t-il confié, visiblement marqué par l’intensité du week-end. Son épaule, encore convalescente, n’a pas été ménagée par le circuit de Misano – un tracé qui, comme il le rappelle, exige rapidité dans les changements de direction et freinages appuyés, notamment à l’entrée du virage 8.
Conscient de ses limites, Viñales a fait un choix raisonnable : ne rien tester de nouveau sur la KTM RC16. Contrairement à Brad Binder et Pedro Acosta, qui ont pu valider certains éléments techniques, l’Espagnol s’est abstenu. Non pas par désintérêt, mais par lucidité :
« Je peux tester des choses, mais je ne sais pas si mes retours seraient précis. Je lutte avec la moto à chaque tour, je ne peux pas attaquer à 100 %, donc ça n’aurait pas de sens. »
Maverick Viñales mène un combat plus grand que le chrono
Plutôt que de chercher à impressionner, Viñales a transformé la journée en session de rééducation dynamique, multipliant les tours uniquement pour mettre de la « pression sur son épaule » et observer l’évolution les jours suivants.
Le regard tourné vers le Japon, Maverick veut profiter de la dizaine de jours séparant Misano de Motegi pour travailler sur sa condition physique. Le programme est simple : musculation modérée, souplesse, et roulage en 600 cc sur piste de karting pour préserver les automatismes.
« Ce n’est pas seulement une question de muscles, c’est aussi de souplesse. J’ai hâte de voir si je peux vraiment me faire petit sur la moto à Motegi. Ce serait génial », confie-t-il avec un brin d’espoir.
Alors que KTM retrouve peu à peu des couleurs grâce à Acosta et Bastianini, Viñales joue la carte de la patience. Pas d’excès d’optimisme, pas de déclaration tonitruante, mais une humilité rare dans le paddock. Lui qui, en début de saison, était considéré comme la « référence » technique sur la RC16, accepte aujourd’hui de se mettre en retrait, le temps que son corps le laisse revenir à son meilleur niveau.
Misano n’aura pas été un test technique pour Viñales, mais un jalon physique, un combat intérieur, où l’objectif n’était pas de battre le chrono, mais de reprendre possession de soi-même. Et cela, dans une discipline MotoGP où chaque milliseconde compte, peut parfois être plus difficile qu’un podium.
