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Les pilotes de la catégorie MotoGP ne sont en grande partie pas convaincus par l’annonce de cette semaine : Dorna va tester les communications radio. Le pilote HRC, Stefan Bradl, a expérimenté le système lors des essais de vendredi à Misano avant qu’il ne soit testé par l’ensemble des pilotes lors du test de mardi sur le circuit italien.

Bien qu’il ait été initialement conçu pour permettre à la Direction de Course de signaler aux pilotes des incidents en piste, il est néanmoins prévu de déployer ce système pour permettre des communications bidirectionnelles entre les pilotes et leurs équipes – une option tout à fait plus controversée.

« Au début, il ne sera utilisé que par la direction de course pour communiquer des messages enregistrés et prédéterminés sur les drapeaux, les pénalités, des choses comme ça », a expliqué Carmelo Ezpeleta, Directeur Général de Dorna, le promoteur du MotoGP.

« À l’avenir, si les équipes et les pilotes sont d’accord, cela pourrait être ouvert à la communication des équipes et même des coureurs aux équipes. »

Un test concluant pour Bradl

Bradl n’est pas le premier à tester un tel système, les tentatives précédentes ayant été abandonnées lorsqu’il a été reconnu que la technologie n’était pas encore assez mature. Cependant, bien que les systèmes aient pu évoluer, Bradl a admis après son premier essai que même si le système fonctionnait relativement bien, il y avait encore du travail à faire pour le perfectionner.

 

 

« J’ai pu écouter deux messages qu’ils m’ont transmis – tels que Drapeau Jaune ou Avertissement – mais je n’ai pas pu entendre clairement le troisième avec le vent », a-t-il déclaré. « La voix que j’avais dans mon oreille était bonne. Je pouvais très bien l’entendre. Ce n’était pas dangereux et ne m’a pas déconcentré. Mais nous devons trouver de meilleures solutions car nous bougeons beaucoup plus la tête que les pilotes de F1. Si vous êtes protégé par la bulle et que vous sortez la tête, le bruit change beaucoup avec le vent. Nous devons trouver de meilleurs bouchons d’oreilles, couvrant le bruit. »

Il termine sur une touche d’humour, en ajoutant que « Si nous pouvons comprendre les messages, nous n’allons pas chanter comme Lando Norris, mais il devrait être possible de dire simplement oui ou non, pour confirmer les demandes de l’équipe ou de la Direction de Course. Nous ne sommes pas aussi détendus que les pilotes de F1 en roulant, donc nous ne discuterons pas en piste. »

Rossi approuve

Le concept avait déjà un ardent défenseur sous la forme du nonuple fois champion du monde, Valentino Rossi. Passionné de course automobile et pilote d’endurance notamment lors de son temps libre, Rossi a une expérience considérable de l’utilisation de systèmes similaires et pense qu’ils ne peuvent que contribuer au spectacle en MotoGP.

« C’est vrai que je suis un pilote de la vieille école, mais je suis aussi parfois un pilote automobile et tout le monde utilise la communication audio », a déclaré Rossi. « C’est très bien et ce serait un bon pas en avant pour le MotoGP. L’avantage du MotoGP par rapport à la F1 est que les courses sont plus amusantes, car les batailles sont plus intenses. »

 

 

Fin connaisseur de la F1, il ajoute que « c’est le meilleur sport automobile au monde, les performances des voitures sont incroyables et le défi est de construire les voitures les plus rapides du monde. Parfois, les courses sont ennuyeuses, mais pas à cause des communications radio. Nous entendons beaucoup de communications parce qu’elles sont amusantes et intéressantes, et il peut y avoir beaucoup de tours où rien ne se passe ! »

Franco Morbidelli et Maverick Vinales rejoignent le Docteur à ce sujet, le pilote Espagnol ajoutant « Je parle beaucoup dans le casque, peut-être que c’est aussi agréable d’entendre comment cela se passe en F1. Je suis curieux de l’essayer »

Mais pas Espargaro ni Quartararo

Cet enthousiasme n’est pas partagé par l’ensemble de la grille MotoGP, le pilote d’usine KTM Pol Espargaro affirmant que les liaisons radio entre la voie des stands et le pilote détruiraient toute la nature de la course si elles étaient pleinement mises en œuvre à l’avenir. « Le problème pour moi sera le bruit, et si nous pouvons le faire et obtenir des communications avec la Direction de Course pour des raisons de sécurité, c’est très bien », a-t-il déclaré.

« Mais j’aime que finalement ce soit le pilote qui décide de ce qui se passe sur la moto. Si nous mettons en place des radios, la prochaine chose sera que les ingénieurs contrôlent ce qui se passe sur la moto, et ensuite, ils pourront observer toute la télémétrie de la moto et diront au pilote ce qu’il doit faire. Ce sera moins humain, comme ce qui se passe en F1. Je n’aime pas ça et je veux que ça reste un sport humain.»

 

 

Alors que l’objectif de l’essai actuel est d’améliorer la sécurité, Fabio Quartararo a déclaré qu’il y avait des mesures de sécurité plus importantes qui pourraient être mises en œuvre en premier lieu – comme la mise à jour du système actuel de messages au tableau de bord afin qu’ils arrivent instantanément. En effet, actuellement, les messages sont diffusés à chaque fin de secteur, ce qui peut engendrer un délai d’une vingtaine de secondes entre l’envoi et la lecture de la consigne.

« C’est déjà déjà assez difficile de rouler sans que quelqu’un vous parle à l’oreille, donc je ne peux pas imaginer à quel point cela serait difficile », a déclaré Quartararo. « Je ne sais pas si nous pouvons le faire avec les radios et nous ne le saurons pas tant que nous ne l’aurons pas essayé, mais c’est sûr que Dorna doit travailler pour nous envoyer des messages plus clairs. »

Un nouveau test mardi

Le sujet est revenu sur la table suite à un certain nombre d’incidents récents où les pilotes n’ont pas pu voir les drapeaux jaunes ou rouges au bord de la piste – et c’est là qu’Espargaro pense qu’un exemple différent de la F1 devrait être mis en œuvre : « Je veux essayer des panneaux lumineux jaunes comme ils le font en F1. Ils ont dit qu’ils vont essayer de le faire à l’avenir, mais qu’à court terme, ils veulent essayer les radios. »

Alors que les communications entre le pilote et ses ingénieurs ne sont peut-être pas à envisager dans un futur proche, il y a encore quelques pilotes sur la grille du MotoGP qui sont un peu inquiets de ce qui pourrait se passer s’ils sont diffusés pendant les courses. « Ce sera assez drôle! » pour Cal Crutchlow, qui l’explique ainsi : « Je serais le Kimi Raikkonen du MotoGP – pouvez-vous imaginer Jack [Miller] et moi parler aux équipes? On n’arrêterait pas et on nous censurerait ! »

Lors du test officiel sur la piste de Misano, ce mardi, davantage de pilotes auront la possibilité d’essayer ce système. Nous verrons quels seront leurs retours.