Le Grand Prix d’Indonésie 2025 n’a pas seulement été un désastre sportif pour Pecco Bagnaia, c’est aussi devenu, selon l’analyste Juan Martinez, un tournant politique et psychologique majeur chez Ducati. Le consultant espagnol de DAZN n’a pas mâché ses mots : ce week-end aurait marqué la première défaite interne de Gigi Dall’Igna, l’ingénieur en chef de Borgo Panigale, face à un pilote… et pas n’importe lequel : Marc Marquez.
Martinez revient sur le moment où tout a basculé, bien avant l’Indonésie. Nous étions alors en 2024 : « à un moment donné, Ducati avait annoncé l’arrivée de Jorge Martin dans l’équipe officielle. Et un homme est intervenu pour dire : “Ça ne marchera pas comme ça.” Cet homme, c’était Marc Marquez. »
Ce simple refus aurait bouleversé la hiérarchie interne du constructeur. « À partir de là, Gigi Dall’Igna a perdu sa première bataille contre un pilote depuis son arrivée chez Ducati. Quand on testait Marc Marquez, on ne perdait rien. On le battait. Mais là, pour la première fois, ils ont cédé publiquement. »
L’Espagnol souligne qu’aucun pilote avant Marquez n’avait réussi à imposer sa volonté à Dall’Igna : ni Andrea Dovizioso, ni Jorge Lorenzo. Ducati avait toujours gardé la main. Mais cette fois, la situation a échappé à son contrôle.
« Dovizioso avait essayé, et Ducati avait dit : “Non, non, c’est Gigi qui décide.” Mais là, ils ont compris qu’il existait un pilote capable de tout déstabiliser. »
« Ducati veut continuer à montrer qu’ils sont toujours capables de prendre les bonnes décisions »
Selon Martinez, cette crise de pouvoir a directement affecté Pecco Bagnaia, devenu le maillon faible d’un système qui doute de lui.
« Pecco est le grand échec de Ducati. C’est la somme de plusieurs facteurs, mais cela dure depuis l’année dernière. »
Depuis l’annonce contrariée autour de Martin, Bagnaia vit dans un environnement fragmenté, instable, où son autorité de pilote n°1 est constamment remise en question.
« Si tout ce qui se passe autour de vous vous fait douter des détails, alors vous finissez par douter de tout. »
L’Italien, autrefois figure de stabilité, apparaît aujourd’hui miné par le contexte interne, avec une GP25 difficile à comprendre et des comparaisons gênantes avec les GP24 des équipes satellites — notamment celle de Franco Morbidelli, que le VR46 a confirmé avoir prêtée lors du test de Misano.
Mais au-delà des résultats, Martinez met le doigt sur le vrai problème : la peur de Dall’Igna et de Ducati de reconnaître une erreur technique et stratégique.
« Le refus d’admettre que la GP25 n’est pas si supérieure à la GP24 vient de là. Ducati veut continuer à montrer qu’ils sont toujours capables de prendre les bonnes décisions. »
Autrement dit, le génie technique de Dall’Igna est aujourd’hui confronté à son propre mythe : impossible d’avouer publiquement qu’un pilote comme Marquez a fait plier la direction sportive — ou que la dernière version de la Desmosedici n’est peut-être pas l’arme absolue annoncée.
Depuis 2016, Ducati fonctionnait comme une machine de guerre : technique, hiérarchisée, disciplinée. Mais avec Marquez, le pouvoir a changé de mains.
Le bilan selon Martinez est limpide : « c’est la première fois que Ducati perd une bataille contre un pilote. Et cette fracture se reflète déjà sur la piste, à travers la crise de confiance de Bagnaia. »
Une phrase qui résonne fort : Ducati n’a pas perdu qu’un Grand Prix en Indonésie. Elle a peut-être perdu le contrôle de son empire MotoGP.