Ce qui devait être un hommage grandiose au « Docteur » Valentino Rossi s’est transformé en affaire d’État. À Pesaro, une sculpture monumentale représentant un casque géant de six mètres de haut et pesant 400 kilos, initialement conçue pour saluer la légende italienne du MotoGP, est désormais au centre d’une tempête judiciaire et politique. L’œuvre, financée par des fonds publics, est aujourd’hui le symbole d’une enquête qui secoue la région des Marches à l’approche des élections.
Baptisée « Affidopoli », l’enquête du parquet vise Matteo Ricci, ancien maire de Pesaro et actuel candidat à la présidence de la région pour le Parti démocrate. Il est soupçonné de corruption et de falsification de documents publics. L’objet du délit présumé ? Une série d’attributions jugées irrégulières pour un total de plus de 600 000 euros destinés à des associations culturelles, dont le fameux contrat de 53 802 euros pour le casque de Rossi, attribué sans appel d’offres, officiellement sous le couvert de l’entretien extraordinaire des espaces verts.
Le parquet soupçonne une opération déguisée, masquant des transferts de fonds à des structures proches du pouvoir municipal sous prétexte d’aménagement urbain. Les enquêteurs s’intéressent de près aux liens entre Ricci et les bénéficiaires de ces subventions, notamment Stefano Esposto, président de l’association culturelle en question, Massimiliano Santini, coordinateur de la campagne électorale actuelle de Ricci, et Franco Arceci, ancien directeur de cabinet.
Valentino Rossi symbole malgré lui
Face à l’ampleur des soupçons, Ricci a publié une vidéo pour dénoncer ce qu’il qualifie d’attaque politique : « je suis surpris, amer et en colère. Je n’ai jamais géré les appels d’offres ni signé ces contrats. Si un partenaire commet une erreur, le maire en est la victime, pas le complice. »
Le choc politique est immédiat. Le Mouvement 5 Étoiles, jusque-là allié stratégique du Parti démocrate pour les régionales, a suspendu le pacte électoral. Giuseppe Conte, son leader, demande une clarification immédiate :« si ces faits sont avérés, ils sont incompatibles avec nos principes. »
Cette rupture compromet sérieusement l’union de la gauche contre Francesco Acquaroli, le gouverneur sortant d’extrême droite.
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Le parquet a élargi le champ de l’enquête à d’autres projets, dont des peintures murales, des passages souterrains rénovés et des travaux routiers, ainsi qu’à la Fondation Pescheria et l’entreprise publique Aspes. Ce qui était à l’origine un geste artistique pour célébrer une icône nationale devient peu à peu le révélateur d’une gestion opaque des deniers publics.
La statue de Valentino Rossi, symbole de vitesse et de passion italienne, trône désormais au milieu d’un scandale qui n’a rien à voir avec la course. À Pesaro, l’art a croisé la politique… et les tribunaux pourraient bien être la ligne d’arrivée.